Troisième précepte: pas de chimie
Commençons par regarder deux photos.
La première a été prise dans le nord des Bouches-du-Rhône.
Dans le Lubéron.
La deuxième a été prise dans un parc naturel du Costa-Rica.
Un petit pays intéressant en ce qui concerne l'écologie.
Nous lui consacrons quelques articles ailleurs ("Le jardin de Choui et Leia voyage").
On peut trouver quelques similitudes entre ces deux paysages.
Au point que l'on est en droit de se poser la question suivante:
Pourquoi partir à des milliers de kilomètres pour ne rien voir de plus que ce qui est situé à proximité de chez nous?
En fait, il y a une énorme différence entre les deux clichés.
Le second présente un espace strictement naturel.
Tel qu'il s'est développé, sans aucune interférence humaine.
Le premier présente un espace strictement artificiel.
Il s'agit d'un jardin.
La permaculture tente de copier la nature.
Elle s'en inspire.
Elle utilise ses énormes capacités.
Or, le jardin présenté ici est constitué d'un grand nombre d'espèces importées.
A ce titre, il n'est pas permaculturel.
Ceux qui en ont hérité font avec ce qu'ils ont.
Comme nous, ils n'ont pas tout coupé.
Ils continuent même de planter.
Mais, comme ils importent des espèces exotiques, la ligne permaculturelle reste un peu floue.
Ils essaient du moins de conserver une attitude éco-responsable, en recyclant leurs déchets.
En maîtrisant l'utilisation de l'eau. Etc.
Ce parc est celui de la bambouseraie d'Anduze.
Bien sûr, il y a là aussi un enjeu économique.
Car l'écotourisme est en train de se développer partout dans le monde.
Bien qu'écologie et tourisme, a priori, semblent incompatibles.
Du moins peut-on espérer, si cela est fait intelligemment, que la biodiversité s'y retrouve.
En tout cas, le parc et la bambouseraie d'Anduze affichent "Zéro phyto".
C'est-à-dire qu'ils ont abandonné les substances chimiques dites "phytosanitaires".
Normalement, il n'a du échapper à personne qu'il n'y a pas de chimie dans la nature.
Du moins pas de chimie industrielle.
Car la chimie organique, elle, fait son œuvre.
Donc, troisième pilier de la permaculture: aucun rajout chimique!
Commençons par les herbicides.
La gamme des herbicides chimiques est variée: dinitroanylines, triazines, imidazolinones, diphenyléthers, carbamates, glyphosate...
Les herbicides les plus connus sont l'agent orange, massivement utilisé lors de la guerre du Vietnam, et la dioxine de Seveso.
Et, bien sûr, le glyphosate.
Nous n'utilisons aucun herbicide.
Même pas ceux réputés "naturels", du style purin d'ortie, vinaigre, etc.
Nous n'utilisons aucun herbicide, parce que nous ne désherbons pas.
De fait, nous avons abandonné le gravier à son sort:
Il disparaît progressivement:
L'herbe reprend sa place:
Ce qui aboutit à ceci, qui, de notre point de vue, est finalement plus beau:
En tous cas plus beau que cela, mais, évidemment, c'est encore une question de goût:
(droits réservés)
De plus, cela ne nous coûte strictement aucun effort (la permaculture est aussi une méthode pour les paresseux, nous y reviendrons).
Nous passons juste la tondeuse quelques fois, vers le printemps.
Nous avons la chance d'avoir aussi une terrasse.
L'herbe ne pousse pas sur le béton:
Par contre, les mousses oui:
Donc, de temps en temps, il faut racler.
Nous n'utilisons aucun herbicide.
Nous n'utilisons aucun insecticide ni pesticide non plus.
Les rois des pesticides, avant la deuxième guerre mondiale, s'étaient regroupés dans le trust "IG Farben", internationalement connu pour son produit phare: le Zyklon B (Deutsche qualität!).
Le Zyklon B tua un million et demi de victimes juives dans le camp d'Auschwitz-Birkenau.
Les autres ont été assassinées avec des armes à feu par les einsatzgrüppen, ou du monoxyde de carbone à Chelmno, Treblinka, Belzec, Sobibor...
Après la guerre, le trust "IG Farben" fut dissout.
Les sociétés qui constituaient "IG Farben" étaient, entre autres, BASF, Bayer, Hoescht...
Elles ont retrouvé leur nom d'origine après la dissolution de "IG Farben".
Dissolution, mais pas disparition...
Bayer, depuis, se contente de détruire, entre autres, les abeilles.
Sans aucun pesticide, on peut absolument tout cultiver.
Nos tomates ne posent pas de problème:
De même que nos haricots:
Nos courgettes:
Nos aubergines:
Etc.
Nos pommes sont véreuses, mais vierges de substances cancérigènes:
Les figues, évidemment, s'en battent le coquillard:
Attention, toutefois, en les ramassant:
Il n'y a que quelques artichauts que nous n'avons pas récolté, non pas qu'ils fussent malades, mais dans le seul et unique but de les voir fleurir.
Ceci nous a offert l'opportunité de quelques jolies photos:
En ce qui concerne les fleurs, nos rosiers, qui font partie des fleurs habituellement les plus traitées, ne se portent pas trop mal:
Même si on les regarde d'un peu plus près:
Voire d'encore plus près:
Bien sûr, en fin de saison, ils subissent un peu l'oïdium, mais, sincèrement, il n'y a pas de quoi s'arracher les cheveux de la tête.
Certaines fleurs, au contraire, ont la réputation de ne rien réclamer:
Il faut comprendre que beaucoup de fleurs ne demandent rien d'autre que de l'eau, du soleil, et une terre fertile:
Un fait très important, qui concerne n'importe quel insecticide, même les "insecticides bio" (rien que la locution nous énerve).
Les insectes réputés nuisibles sont tués par les insecticides.
Ici, quelques pucerons.
Brevicoryne brassicae (2) (puceron du chou):
Macrosiphum rosae (2) (puceron du rosier):
Myzus cerasi (2) (puceron du cerisier):
Mais aussi leurs prédateurs, comme les syrphes.
Sphaerophoria scripta (3) (syrphe porte-plume):
Les coccinelles.
Coccinella septumpunctata (3) (coccinelle à sept points):
Et les fourmis.
En voici une colonie en plein travail au milieu d'une horde de pucerons.
Tapinoma nigerrinum (1):
Ceci impacte dramatiquement la biodiversité.
Mais, surtout, les prédateurs ont besoin de plus de temps pour reconstituer leur population que les soi-disant "nuisibles".
Même s'ils s'y mettent à fond.
Hippodamia variegata (3) (coccinelle des friches):
Adalia decempunctata (3) (coccinelle à dix points):
D'où un catastrophique cercle vicieux.
Plus on pulvérise, plus il faut pulvériser...
Enfin, nous n'utilisons aucun engrais chimique.
Même des fleurs réputées très "gourmandes", comme les rosiers (encore eux) ne subissent aucun effet délétère:
Quant aux pommes de terre, autres "gourmandes", cela ne se passe pas mal non plus pour elles:
L'origine des engrais azotés est liée à l'invention d'un procédé permettant de transformer l'azote de l'air en ammoniac liquide.
Au début, l'ammoniac liquide, qui fut produit industriellement à partir de 1915 par Carl Bosch (un de ceux qui fondèrent "IG Farben"), était destiné à la fabrication d'explosifs nitrés.
Après l'armistice de 1918, les stocks étant considérables, on se réorienta vers la production d'engrais azotés pour l'agriculture.
Bingo!
Les productions augmentent.
Les prix baissent.
Les paysans doivent produire plus.
Les prix continuent de baisser.
Les sols commencent à s’abîmer.
Les agriculteurs se paupérisent, etc.
Jusqu'à arriver à ceci:
(droits réservés)
Quand ailleurs se passe cela:
(droits réservés)
Nous avons longtemps hésité avant de publier cette photo.
C'est l'une des moins éprouvantes que l'on rencontre sur le net.
Imaginez simplement les autres...
Accessoirement, de temps en temps le nitrate d'ammonium nous rappelle qu'il fut avant tout un explosif.
21 septembre 2001, la catastrophe d'AZF à Toulouse fit 30 morts, dont on pourrait rajouter les noms sur les stèles de 14-18.
Comme disait Vassili Grossman: "Tout ce qui a été créé par la violence est insensé, inutile, sans portée, sans avenir".
Première guerre mondiale, les dérivés ammoniaco-nitrés:
(droits réservés)
Deuxième guerre mondiale, le pesticide Zyklon B:
(droits réservés)
Guerre du Vietnam, l'herbicide "agent orange":
(droits réservés)
Nous allons nous arrêter là, car le martyrologe est sans fin.
Nous préférons revenir au Jardin de Choui et Leia: pas d'engrais chimique, pas de pesticide, pas d'herbicide!
Et merde à BASF, Monsanto, Bayer et consorts.
Encore que merde ne soit pas l'insulte qui convienne (cf. article "quatrième précepte: valoriser nos déchets organiques").
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