LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

Des insectes que l'on peut identifier à coup sûr: les papillons

Depuis quelques années maintenant, nous zonons dans notre jardin, appareil photo vissé sur l’œil, à la recherche des insectes.

Au début, il n'y a pas si longtemps, nous n'y connaissions que dalle.

Depuis nous avons un peu progressé.

Un adage circule sur les sites consacrés à l'entomologie qui précise qu'aucun insecte ne peut être identifié à partir d'une photo.

C'est, bien sûr, un peu excessif.

Depuis que nous regardons les insectes de notre jardin, nous avons rencontrés plus d'un millier d'espèces différentes.

Au moins la moitié d'entre elles, si ce n'est plus, ont été identifiées à coup sûr.

Cela est particulièrement vrai pour les papillons.

Nous allons tenter d'expliquer ici pourquoi la plupart des espèces de papillons peuvent être identifiées sur photo.

 

Les papillons dits "de jour", à de rares exceptions près, sont caractéristiques.

Ils ne posent guère de problème à l'entomologiste débutant.

L'espèce qui suit pourrait être confondue par un profane avec un tabac d'Espagne.

Mais un simple coup d'oeil sur un guide de base permettra de rectifier l'erreur.

Argynnis pandora 3 (cardinal):

 

NYMPHALIDAE Argynnis pandora 5.JPG
 

Cette autre espèce ne peut être confondue qu'avec d'autres papillons du même genre.

Là aussi, même un profane n'éprouvera guère de difficultés à trouver son nom.

Limenitis reducta (3) (sylvain azuré):

 

NYMPHALIDAE Limenitis reducta 8.JPG

 

Cet autre exemple ne peut être confondu avec rien.

Anthocharis cardamines (3) (aurore):

 

PIERIDAE Anthocharis cardamines 1 (aurore).JPG

 

De même que celui-ci.

Polygonia c-album (3) (Robert-le-diable):

 

NYMPHALIDAE Polygonia c-album 2 (robert le diable).JPG

 

Les papillons de jour présentent deux avantages.

Le premier est celui d'être assez peu nombreux en France (environ 250 espèces différentes, 150 dans les Bouches-du-Rhône).

Ce qui permet d'avoir accès à des livres exhaustifs.

Et de ne pas se noyer dans des recherches infructueuses.

Le deuxième, celui d'être assez caractéristiques.

Attention toutefois, ce n'est pas le cas pour tous.

Cependant, ils représentent un terrain idéal pour l'entomologiste amateur.

Certainement ce par quoi il faut commencer.

 

Pour les papillons dits "de nuit", c'est plus compliqué.

Ils sont vingt fois plus nombreux.

Leurs couleurs sont souvent plus discrètes.

Colostygia multistrigaria (3) (cidarie pointillée):

 

GEOMETRIDAE Colostygia multistrigaria 1 (cidarie pointillée).JPG

 

Il n'est pas toujours évident pour le profane de deviner la famille.

Ainsi, le suivant appartient à celle des Erebidae.

Odice jucunda (3):

 

EREBIDAE Odice jucunda 1.JPG
 

Alors que celui-ci appartient à celle des Geometridae.

Coenotrephia ablutaria (3) (nébuleuse délavée):

 

GEOMETRIDAE Coenotephria ablutaria 1 (nébuleuse délavée).JPG

 

La famille des Geometridae, en France, représente à elle seule 600 espèces différentes.

Colotois pennaria (3) (phalène emplumée):

 

GEOMETRIDAE Colotois pennaria 1 (phalène emplumée).JPG

 

Pour le seul genre Eupithecia, on compte pas loin de 100 espèces différentes. 

Presque 70 pour le genre Idaea.

Comment s'en sortir?

Parfois, il y a des indices évidents.

Par exemple, si vos buis sont malades, vous rencontrerez obligatoirement ce papillon un jour ou l'autre.

Cydalima perspectalis (3) (pyrale du buis):

 

CRAMBIDAE Cydalima perspectalis 1 (pyrale du buis).JPG

 

Une piste aussi évidente est rare.

Alors il reste les livres, mais, contrairement à ceux concernant les papillons dits "de jour", ils seront d'un faible apport.

La plupart de ceux que l'on trouve sont soit non exhaustifs, soit peu utilisables.

Parfois les deux.

 

On peut, si l'on est patient et courageux, visiter le site "les carnets du lépidoptériste".

Ce site est parfait.

Mais cela impose de se taper des dizaines et des dizaines de photos successives en quête du spécimen que l'on cherche.

Heureusement, bien que nombreux, les papillons de nuit, sauf exception, disposent toujours d'un critère permettant de les identifier à coup sûr.

Rhodometra sacraria (3) (phalène sacrée):

 

GEOMETRIDAE Rhodometra sacraria 1 (phalène sacrée).JPG

 

De plus, le site "les carnets du lépidoptériste" offre la possibilité d'une discrimination par départements.

Cela limite un peu les possibilités.

Évidemment, l'espèce suivante ne pourra pas être rencontrée en Alsace.

Eupithecia massiliata (3) (eupithécie marseillaise):

 

GEOMETRIDAE Eupithecia massiliata 1 (eupithécie marseillaise).JPG
 

Mais, en ce qui nous concerne (Bouches-du-Rhône), rien que pour les Geometridae, cela nous laisse quand même 250 espèces différentes.

Heureusement, nous n'habitons pas les Alpes de Haute-Provence (440 espèces de Geometridae).

 

Par ailleurs, quelques familles ne sont pas référencées sur le site en question.

Par exemple celle des Lecithoridae (micro-lépidoptères).

Odites kollarella (3):

 

LECITHOCERIDAE Odites kollarella.JPG

 

Pour ces familles, il faudra aller chercher dans d'autres sites.

Celui intitulé "micro-lépidoptères de France", ou l'incontournable site généraliste "le monde des insectes".

Bref, les papillons de nuit peuvent s'identifier à coup sûr.

Mais cela réclame beaucoup d’opiniâtreté.

 

Pour les impatients, il y a une autre manière de procéder.

Interroger Facebook.

Et oui, Facebook n'est pas qu'une merde où se complaisent les nombrilistes, exhibitionnistes, complotistes et autres débiles de tous crins.

Certains forums peuvent être très utiles pour les débutants:

"Quel est cet insecte?" "Entomologie France", "Insectes de France", "Papillons de France", "Papillons nocturnes", etc.

Vous croiserez souvent dans ces forums des entomologistes confirmés.

Par la force de l'habitude, ils reconnaitront du premier coup d'oeil un spécimen qui vous aurait coûté des heures de recherches.

Ainsi, nous n'aurions jamais pensé à aller chercher celui-ci chez les Geometridae.

Lycia hirtaria (3) (phalène hérissée):

 

GEOMETRIDAE Lycia hirtaria 1 (phalène hérissée).JPG
 

Quant à cet autre, nous ne savions même pas où chercher.

Alucita hexadactyla (2) (homéode du chèvrefeuille):

 

ALUTICIDAE Alucita hexadactyla 1 (homéode du chèvrefeuille).JPG

 

Il est si caractéristique que nous le reconnaitrons facilement dorénavant.

Dans ces deux cas, ce sont des internautes qui nous ont aiguillé.

Il n'a pas échappé à ceux qui suivent qu'un article consacré aux espèces pouvant se déterminer "à coup sûr" ne devrait comporter que des codes (3).

Petit rappel: ce code correspond ici à "espèce certaine" (cf. article intitulé "Entomologie pour les nuls: quelques clefs du blog").

Il y a lieu de préciser un peu.

Depuis que le blog existe, nous avons attribué des codes (3) à des espèces qui se sont avérées par la suite ne pas être les bonnes.

Chaque fois que nous avons constaté une erreur, nous l'avons corrigée.

Pour autant, il doit en rester encore car (faut-il le préciser?), nous ne sommes que des amateurs.

Pourquoi notre dernière photo est-elle affligée d'un code (2) qui ne correspond qu'à "espèce très probable"?

Les Alucitadae sont une petite famille, avec peu d'espèces présentes en France.

Toutes sont ressemblantes et impossibles à déterminer entre elles à notre niveau de connaissance.

Pour autant, le seul représentant assez répandu est l'homéode du chèvrefeuille.

Nous avons donc statistiquement conclus qu'il devait s'agir de lui.

 

Parfois, même lorsque la photo n'est pas très réussie, certains habitués des forums ont trouvé l'espèce pour nous.

Acontia lucida (3) (collier blanc):

 

NOCTUIDAE Acontia lucida 1 (collier blanc).JPG
 

Noctua fimbriata (3) (frangée):

 

NOCTUIDAE Noctua fimbriata 1 (2).JPG
 

Donc, nous pouvons conclure que les papillons peuvent se déterminer à partir d'une photo.

Qu'il s'agisse des espèces les plus communes.

Pieris brassicae (3) (piéride du chou):

 

PIERIDAE Pieris brassicae 3.JPG

 

Les plus symboliques.

Papilio machaon (3) (grand porte-queue):

 

PAPILIONIDAE Papilio machaon 6.JPG

 

Ou les plus inhabituelles.

Nemophora fasciella (3):

 

ADELIDAE Nemophora fasciella 4.JPG

 

Tous les papillons peuvent-ils se déterminer "à coup sûr"?

Ce serait, évidemment, trop facile.

Certains vont résister, encore et toujours, à l'observateur.

 

lagaule (2).jpg

(droits réservés)

 

Parmi les papillons dits "de nuit", il existe certains genres dont les espèces sont particulièrement difficiles à déterminer.

Parmi ces genres, le genre Eudonia (eudorée en langue vernaculaire) présente une quinzaine d'espèces différentes en France.

Grace au site "les carnets du lépidoptériste", nous limitons le nombre à cinq pour les Bouches-du-Rhône.

Mais ces espèces étant très discrètes, et assez semblables entre elles, il y a toujours un doute qui persiste.

Eudonia mercurella (2) (eudorée de l'alisier):

 

CRAMBIDAE Eudonia mercurella 1 (eudorée de l'alisier).JPG

 

Eudonia angustea (1) (eudorée anguleuse):

 

CRAMBIDAE Eudonia angustea 1 (eudorée anguleuse).JPG

 

Même pour les papillons dits "de jour", ce n'est pas toujours facile.

Prenons l'exemple d'un papillon assez banal: la grisette.

Carcharodus alcea (3) (grisette):

 

HESPERIIDAE Carcharodus alceae 5.JPG

 

Il s'avère que, dans la famille des Hesperidae, à laquelle il appartient, certains lui ressemblent beaucoup.

Carcharodus lavatherae (2) (hespérie de l'épiaire):

 

HESPERIIDAE Carchorodus lavatherae 2.JPG

 

Au point que, lorsque le cliché n'est pas très propice, l'espèce devient indéterminable.

Dans ce cas, on met quand même un nom, mais l'espèce n'est que "probable".

Carcharodus beaticus (1) (hespérie de la ballotte):

 

HESPERIIDAE Carchorodus lavatherae 1 (hespérie de l'épiaire).JPG

 

L'espèce qui précède est probable car l'herbe sauvage qui est l'hôte de la chenille est présente chez nous.

Ce n'est qu'une hypothèse.

Cette manière de faire n'est pas scientifique du tout.

La bonne manière serait de nommer le papillon en question Carcharodus sp.

Ce qui signale un genre dont l'espèce n'est pas reconnaissable.

 

Pour un autre papillon de la même famille, lui aussi très banal, le problème se pose de la même façon.

Il s'agit du tacheté.

Comme nous l'avions rencontré plusieurs fois, nous avions fini par ne plus le photographier.

Pyrgus malvoides (2) (tacheté):

 

HESPERIIDAE Pyrgus malvoides 8.JPG

 

C'était une erreur car certains tachetés, en fait, n'en sont pas.

Spialia sertorius (2) (roussâtre):

 

HESPERIIDAE Spialia sertorius (hespérie des sanguisorbes).JPG

 

Il est, bien sûr, d'autres exemples.

Nous ne saurons donc que vous conseiller de photographier tout ce que vous pouvez rencontrer.

Parfois vous aurez des surprises.

Mais, globalement, les papillons sont quasiment tous déterminables à partir de photos.

Il en est une preuve indirecte d'ailleurs, c'est que la plupart d'entre eux possèdent un nom vernaculaire.

Le nom vernaculaire d'un insecte correspond au nom qu'on lui donne dans une région ou un pays donné.

En France, les noms vernaculaires sont évidemment en français.

Contrairement aux noms scientifiques qui sont en latin.

Dans notre blog, le nom scientifique apparait toujours en premier, en italique comme il convient de le faire.

Mais il est toujours suivi du nom vernaculaire.

Melitea didyma (3) (mélitée orangée):

 

NYMPHALIDAE Melitaea didyma 9.JPG

 

Sauf, bien sûr si celui-ci n'existe pas, ce qui est une exception pour les papillons, en dehors des micro-lépidoptères.

Même le spécimen suivant, qui n'est pas très fréquent, et qui ne dispose pas de nom vernaculaire en français, en a un en anglais: "rose plume moth".

Ce qui peut se traduire par "papillon-plume de la rose".

Cnaemidophorus rhododactyla (3):

 

PTEROPHORIDAE Cnaemidophorus rhododactyla 2.JPG

 

Malgré leur imprécision, les noms vernaculaires ont souvent la faveur des profanes.

Ils font partie d'une certaine culture populaire, au bon sens du terme.

Si les papillons disposent pour la plupart de noms vernaculaires, c'est qu'ils ont en général assez visibles.

De fait, ils sont depuis longtemps observés.

Et leurs noms vernaculaires remontent à un passé lointain, celui de la France rurale.

Ce sont certainement des paysans qui les ont un jour regardés et ainsi nommés.

 

La brocatelle d'or:

 

GEOMETRIDAE Camptogramma bilineata 3.JPG
 

La méticuleuse:

 

NOCTUIDAE Phlogophora meticulosa 2.JPG
 

La pleurote corniculée:

 

OECOPHORIDAE Pleurota aristella (pleurote corniculée).JPG
 

L'écaille chinée:

 

EREBIDAE Euplegia quadripunctaria 3.JPG
 

Le souci:

 

PIERIDAE Colias crocea 2 (souci).JPG
 

Le flambé:

 

PAPILIONIDAE Iphiclides podalirius 9.JPG
 

Le vulcain:

 

NYMPHALIDAE Vanessa atalanta 5 (vulcain).JPG
 

La belle-dame:

 

NYMPHALIDAE Vanessa cardui 6 (belle-dame).JPG
 

Etc. Etc.

Cela ne vaut guère que pour les papillons.

La plupart des hyménoptères, par exemple, ne disposent pas de noms vernaculaires.

Parfois, des auteurs récents en inventent, mais ils sont alors dérivés du latin et ne reposent pas sur des observations archaïques.

Depuis très longtemps, les hommes regardent les papillons.

Ils les reconnaissent et ils les ont nommés.

Donc, avec un peu de patience, vous devriez y arriver aussi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



15/09/2018
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