Quelques années plus tard, des papillons
Il y a plus de cinq ans qu'aucune substance issue de la chimie industrielle n'a été utilisée dans notre jardin.
Ni aucun intrant d'aucune sorte.
Notre jardin s'en porte aujourd'hui excellemment bien.
Mais le choix de la permaculture a-t-il eu un impact sur la faune?
L'une des premières choses que nous avons constaté, au fil des ans, ce fut le retour de nombreuses espèces de papillons.
Argynis pandora (3) (cardinal):
Ce fut à cause de cela que nous avons commencé à prendre des insectes en photo.
Est-ce que les papillons étaient réellement plus nombreux?
Ou était-ce subjectif?
Souhaitions-nous inconsciemment qu'il y en ait plus?
Nous ne le saurons sans doute jamais.
Aglais urticae (3) (petite tortue):
A moins de réintroduire les pesticides, herbicides et autres, et constater les dégâts.
Ce que, évidemment, nous ne ferons pas.
La seule chose dont nous sommes certains, c'est que certaines espèces, que nous ne voyions plus depuis des années, sont revenues.
Mais, naguère, nous ne regardions pas tout.
N'importe qui se promène dans un jardin remarquera les papillons.
Car les papillons sont, sur tous les plans, les insectes les plus remarquables.
Ils sont de couleurs très variées, souvent très vives.
Ce sont des insectes parmi les plus gros.
Ils volettent sans cesse, butinent de manière très active.
Bref, personne ne peut les rater.
Melitaea didyma (3) (mélitée orangée):
Conséquemment, les premiers insectes vers lesquels se porte spontanément l'entomologiste amateur sont souvent les papillons.
Nous nous sommes donc, en premier, penchés sur les papillons.
Au début un peu naïvement.
Nos premières cibles furent les Nymphalidae.
Parmi nos premiers clichés, une espèce banale, qui ne semblait poser aucun problème d'identification.
Coenonympha pamphilus (3) (fadet commun):
Très vite, il y eut comme un premier désenchantement.
En effet, d'autres spécimens, que nous avions pris initialement pour des fadets, n'en étaient pas.
Maniola jurtina (3) (myrtil):
Pyronia cecilia (3) (ocellé de la canche):
N'importe quel entomologiste averti pourrait ici se foutre de nous, à condition d'oublier ce que furent ses premiers pas.
Lorsque nous prenions nos premières photos, nos connaissances en la matière étaient nulles.
Nous avons tout appris au fur et à mesure des clichés d'insectes que nous avons réalisé.
Nos premiers guides entomologiques étaient généralistes et pour le moins succincts.
Nous n'avions pas l'idée de ce que nous allions découvrir.
Heureusement, Pyronia cecilia eut l'amabilité de fréquenter souvent, et longtemps notre jardin, tout en ouvrant parfois ses ailles autrement qu'en vol.
Ce qui nous permit de nous assurer de son identité.
Pyronia cecilia (3) (ocellé de la canche):
Mais, dans nombre de cas, le doute subsiste, entretenu par certains sites internet approximatifs.
Ainsi, ce fadet ne serait-il point un myrtil?
La plupart des Nymphalidae, cependant, ne posent pas de problème de détermination.
Polygonia c-album (3) (Robert-le-diable):
Melanargia galathea (3) (demi-deuil):
L'ennui, avec les Nymphalidae, c'est que certains n'offrent quasiment aucune occasion de les photographier les ailes ouvertes.
C'est le cas, par exemple, du silène.
Brintesia circe (3) (silène):
Nous l'avons aperçu de nombreuses fois, mais toujours posé les ailes fermées.
Certains, sur le net, ont eu l'opportunité de le photographier posé ailes ouvertes (nous parlons, bien sûr, de spécimens vivants).
Quelques espoirs restent donc permis.
Pour la mégère, la détermination fut assez simple.
Lasiommata megera (3) (mégère):
De même que son proche cousin le tyrcis.
Pararge aegeria (3) (tyrcis):
Le nombre de nos observations grandissant, il fallut mieux s'informer.
Certains sites nous furent d'une aide précieuse, en particulier "Papillons de France" et "Les carnets du lépidoptériste français".
Au niveau des livres, on peut citer l'excellent "Guide Delachaux des papillons de France".
(droits réservés)
Il en est, évidemment, bien d'autres.
Nous avons appris à mieux connaître les papillons.
Par exemple le fait qu'il existe, chez certaines espèces, un polymorphisme sexuel.
Lasiommata megera (3) (mégère mâle):
Lasiommata megera (3) (mégère femelle):
Certains Nymphalidae sont des hôtes habituels du jardin.
Vanessa atalanta (3) (vulcain):
Limenitis reducta (3) (sylvain azuré):
D'autres ne sont que passagers.
Vanessa cardui (3) (belle-dame):
Les lépidoptères étaient autrefois séparés en deux catégories, devenues aujourd'hui obsolètes, les papillons de jour (rhopalocères) et les papillons de nuit (hétérocères).
Nous développons ce point dans l'article "des papillons de nuit le jour".
Les rhopalocères présents en France se répartissent en cinq familles.
Les Nymphalidae (ci-dessus), les Lycaenidae, les Papilionidae, les Hesperiidae et les Pieridae.
Pour un total d'environ 250 espèces.
A côté des Nymphalidae, la deuxième famille, celles des Lycaenidae, parait bien terne à l'observateur inattentif.
Cacyreus marshalli (3) (brun des pélargoniums):
Les espèces concernées sont nettement plus petites, et n'attirent pas particulièrement le regard.
Tout au plus, une minuscule tache bleue nous distrait-elle parfois lors de nos pérégrinations printanières.
Glaucopsyche alexis (2) (azuré des cytises):
Pourtant, les Lycaenidae sont au moins autant spectaculaires que les Nymphalidae.
Mais ils sont beaucoup plus discrets.
Nous avions pourtant remarqués, occasionnellement, ces quelques taches bleues.
Elles suscitèrent à nouveau notre attention.
Mais cette fois avec un œil d'entomologistes débutants, rivé sur nos objectifs de photographes amateurs.
Et, enfin, les taches bleues se révélèrent.
Polyommatus icarus (3) (azuré commun):
Lysandra hispana (3) (bleu nacré espagnol):
Glaucopsyche alexis (2) (azuré des cytises):
Malheureusement, les Lycaenidae, eux aussi, peinent à prendre la pose "ailes ouvertes" lorsqu'ils sont au repos.
De fait, leur couleur bleue, souvent, nous échappe.
Lampides boeticus (3) (azuré porte-queue):
Leptotes pirithous (3) (azuré de la luzerne):
Dans certains cas, ils sont bleus "dedans" et "dehors".
Lorsqu'il s'agit d'une espèce moins répandue, l'on se contente d'un cliché médiocre.
Il n'y a plus qu'à espérer la revoir une année prochaine.
Cupido osiris (2) (azuré de la chevrette):
Chez certaines espèces, le polymorphisme sexuel est net, et seul le mâle se pare de bleu.
Lysandra hispana (3) (bleu nacré espagnol femelle):
Les Lycaenidae, évidemment, ne sont pas tous bleus.
De fait, ceux qui ne le sont pas sont encore plus discrets que leurs congénères colorés.
Satyrium esculi (3) (thècla du kermès):
Satyrium spini (3) (thècla des nerpruns):
Flavonius quercus (3) (thècla du chêne):
D'autres, malgré l'absence de bleu, se parent élégamment.
Lycaena phlaeas (3) (cuivré commun):
Aricia agestis (3) (collier de corail):
Bizarres Lycaenidae.
Ils sont si peu ostensibles qu'on les oublie.
Ils sont aussi extrêmement dépendants de leurs végétaux hôtes.
Et toujours plus petits que les Nymphalidae...
Leur détermination est aussi plus difficile.
Pas uniquement du fait de leur taille.
Mais, avec un bon guide entomologique et un peu de patience, on y arrive.
Pseudophilotes baton (3) (azuré du thym):
Les trois autres familles de "papillons de jour" sont les Papilionidae, les Hesperidae, et les Pieridae.
L'expression "papillons de jour", comme nous l'avons signalé plus haut, est dépassée.
Mais la plupart des profanes l’emploie encore.
Nous l'avons donc gardée par facilité.
Les Papilionidae, nous les connaissons bien, car ils comportent le fameux machaon grand porte-queue, qui jouit d'une notoriété certaine.
Hélas, ce papillon, très fréquent naguère, se fait plus rare.
Papilio machaon (3) (grand porte-queue):
Mais nous le revoyons depuis quelques temps.
A contrario, les flambés, eux, ne manquent pas.
Comme ils adorent prendre la pause, ils s'avèrent, sûrs de leur beauté, être très photogéniques.
Iphiclides podalirius (3) (flambé):
Les Pieridae, nous les connaissons bien aussi, car ils comportent la très connue piéride du chou.
Le seul problème, c'est que la piéride du chou ressemble extrêmement à ses cousines.
Les piérides blanches font parties des papillons de jour qui sont les plus difficiles à différencier entre eux.
Pieris brassicae (3) (piéride du chou):
Pieris rapae (2) (piéride de la rave):
Pieris mannii (2) (piéride de l'ibéride):
Toutes les piérides, loin s'en faut ne sont pas blanches.
Colias crocea (3) (souci):
Pontia daplidice (3) (marbré de vert):
De fait, certaines sont facilement reconnaissables.
Attention, toutefois à ne pas se précipiter.
Prenons l'exemple du citron.
Chez le citron de Provence, le mâle ne peut se rater.
La tache orangé de son aile est caractéristique.
Même si, posé, il n'ouvre jamais les ailes, on la devine par transparence.
Gonepteryx cleopatra (3) (citron de Provence):
Les femelles par contre, ne disposent pas de cette tache.
Gonepteryx cleopatra (3) (citron de Provence):
Attention donc à ne pas les confondre avec l'espèce cousine.
Qui, elle, parce que partout présente en France, se nomme simplement "citron".
Gonepteryx rhamni (3) (citron):
La dernière famille, les Hesperidae, nous n'en connaissions même pas le nom avant d'ouvrir un livre sur les lépidoptères.
Ils sont pourtant nombreux à se promener chez nous.
Carcharodus alceae (3) (grisette):
Le point de Hongrie se nomme ainsi parce que ses ailes ont une allure "parquetée".
Erynnis tages (3) (point de Hongrie):
En ce qui concerne le tacheté, à moins d'être aveugle, on comprend facilement l'origine du nom.
Pyrgus malvoides (3) (tacheté):
Attention toutefois à ne pas le confondre avec d'autres espèces ressemblantes.
Spiala sertorius (3) (hespérie des sanguisorbes):
D'autres Hesperidae encore.
Ochlodes sylvanus (2) (sylvaine):
Qui ressemble énormément à l'hespérie du chiendent.
Thymelicus acteon (2) (hespérie du chiendent):
Quant à la "bande noire", nous ne sommes sûrs de rien, incapables que nous sommes de la distinguer de la sylvaine.
De fait, ceci est peut-être Thymelicus sylvestris, mais peut-être pas.
Thymelicus sylvestris (1) (bande noire):
Dans le jardin de Choui et Leia, nous avons rencontrés environ 15% du nombre total d'espèces de "papillons de jour" présentes en France.
Pour nous, cela représente beaucoup.
Mais cela représente aussi une grande frustration, car certaines espèces, que nous espérions voir un jour ou l'autre, ne se sont jamais venues.
Que devons-nous en conclure?
Nous sommes préoccupés à l'idée d'être les contemporains de la sixième extinction.
(droits réservés)
Peut-être sommes nous paranoïaques?
(droits réservés)
Sans doute notre jardin n'est-il pas significatif?
Pour l'instant, nous souhaitons juste préserver, à la mesure de nos moyens, la faune sauvage dans l'espace autour de nous.
Si, par heur, nous constations, dans les mois futurs, le retour éventuel de quelques espèces nouvelles, cela constituerait un espoir.
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