LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

Quatrième précepte: valoriser nos déchets organiques

Dans notre jardin, nous n'utilisons aucun intrant chimique.

Mais nous n'utilisons aucun intrant "naturel" extérieur non plus.

Pourquoi?

L'une des bases de la permaculture consiste en l'utilisation de ce qui est immédiatement à notre portée.

La permaculture prône une forme d'autosuffisance.

Ce qui conduit à notre quatrième précepte: il faut recycler nos propres déchets.

Mais de quels déchets parle-t-on?

 

En premier, n'importe quel jardin génère des résidus végétaux (herbe coupée, feuilles séchées, par exemple):

 

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En général, nous les brûlons, ou nous les amenons à la décharge.

C'est, bien sûr, une erreur.

 

Nous disposons aussi des résidus végétaux de notre alimentation.

Ceux-ci foutent le camp directement à la poubelle.

Deuxième erreur.

Tout ceci peut et doit se garder.

 

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Il faut composter.

Pas son ticket SNCF.

Ses déchets organiques.

Feuille, herbes, résidus alimentaires ne produisent cependant pas d'énormes quantités.

Si le jardin est grand, cela ne va pas suffire.

 

La troisième source de matières organiques à notre disposition est représentée, évidemment, par nos propres déjections.

Cela peut choquer, mais c'est cependant logique, et les recycler présente de nombreux avantages.

Nous avons donc installé des toilettes sèches chez nous:

 

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Cela nécessite l'utilisation de copeaux de bois (en fait, un des rares intrants venant de l'extérieur):

 

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Moyennant quoi, contrairement aux idées reçues (encore et toujours), cela ne sent jamais mauvais.

Le carbone des copeaux de bois compense l'azote des fèces et supprime l'odeur.

Évidemment, il faut vider le seau régulièrement.

Ce qui oblige à en posséder deux:

 

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Cela peut paraître contraignant, mais cela évite d'acheter et de trimbaler des sacs d'engrais et de compost à longueur d'année.

Par ailleurs, cela économise l'eau et diminue la pollution des eaux usées, non souillées par les matières fécales.

Bref, cela constitue ce que l'on appelle un "cercle vertueux".

 

En plus de ces trois sources, nous avons la chance de bénéficier de la compagnie de ceux-ci:

 

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Qui produisent cela:

 

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Tout le monde, évidemment, ne dispose pas d'un cheval ou d'un âne.

Mais il est facile d'obtenir du fumier, auprès des centres équestres par exemple.

En ce qui nous concerne, quelques copains viennent se procurer du fumier chez nous, car nous n'en manquons pas:

 

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Nous pourrions même envisager une mutualisation du crottin.

Par exemple acheter et nourrir un ou deux ânes à plusieurs, car nous avons l'espace pour accueillir d'autres équidés:

 

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Un âne adulte coûte à l'achat 400 euros maximum, et en nourriture moins de 100 euros par mois.

Le retour sur investissement parait évident.

 

Si le fumier peut s'obtenir gratuitement, ce n'est pas le cas du compost. 

Il est donc essentiel d'utiliser son propre compost, plutôt que d'en acheter.

Pas uniquement pour des raisons d'économie, mais pour des raisons d'autonomie.

Il faut rendre à la terre ce qu'elle nous donne, et ainsi de suite.

Pour ce faire, il suffit de disposer de réservoirs à compost.

 

Nous pourrions tenter de jeter immédiatement le contenu de nos toilettes sèches dans nos plate-bandes.

Cela ne serait pas très agréable, plus sur le plan visuel qu'olfactif.

Mais surtout cela ne fonctionnerait pas.

A cause de la présence des copeaux de bois.

Les micro-organismes qui décomposent la lignine ont besoin d'azote.

Ils vont donc utiliser pour cela l'azote des fèces.

Mais celui-ci étant insuffisant, ils vont aussi utiliser l'azote du sol au détriment de la plante qui devient chétive.

On appelle cela une "faim d'azote".

Tout apport de matière organique "fraîche" dans le jardin peut aboutir à une "faim d'azote".

Ce d'autant que le ratio carbone/azote est élevé (ce qui est le cas pour le contenu des toilettes sèches, de même que pour la paille dans l'exemple suivant).

 

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(droits réservés)

 

Pour éviter la faim d'azote, il faut utiliser du compost "mûr", disposant d'un ratio carbone/azote bas.

Le compost, lorsqu'il se se décompose en tas, augmente en température sous l'effet des bactéries.

Les micro-organismes mésophiles initiaux sont progressivement remplacés par des thermophiles.

Puis la température diminue.

Les bactéries, ainsi que les graines que contient le compost, meurent.

Au terme de la maturation ne reste que l'humus.

Cela est aussi vrai pour le fumier.

 

Le compost, ainsi constitué, amène de l'azote, donc de la nourriture, mais ni mauvaises herbes, ni maladies.

Il faut donc disposer de deux bacs.

Un pour le compost récent:

 

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Un pour le compost que l'on va pouvoir utiliser (deux ans minimum de "repos"):

 

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Les deux bacs fonctionnent en alternance.

On remplit l'un, on vide l'autre, puis l'on change, et ainsi de suite.

NB: cela ne sent rien non plus, et ne nécessite donc pas de disposer d'un espace gigantesque.

Ce d'autant que, plus le jardin est petit, moins le besoin de compost est grand.

 

Les uns de nos principaux alliés dans le processus sont les vers de terre (lombrics du compost).

 

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Les lombrics ingèrent en surface les débris végétaux.

Leur tube digestif les mélange à la terre fine qu'ils prélèvent en forant leurs galeries.

Celles-ci permettent à la terre de rester "grumeleuse", "aérée", donc propice au développement des espèces végétales.

Leur déjections (turricules) sont déposées en surface.

Elles constituent le "complexe argilo-humique", mélange intime d'argile et d'humus, nutriment nécessaire à la vie végétale.

Turricules:

 

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Pour le jardinage, l'utilisation du motoculteur est une aberration (cf. article "cinquième et dernier précepte: en faire le minimum").

En agriculture, les labours profonds sont désastreux pour la biodiversité et dramatiquement inefficaces.

Ils massacrent les vers de terre, compactent la terre, et contraignent à l'utilisation d'intrants chimiques.

 

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(droits réservés)

 

Les labours superficiels sont infiniment plus respectueux des écosystèmes et bien plus efficaces.

Accessoirement, ils renvoient les machines agricoles énormes au musée des horreurs.

Ils favorisent la réhabilitation des chevaux lourds, merveilleusement adaptés à ces travaux.

Et grands producteurs de fumier.

 

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(droits réservés)

 

Pour plus de détails, vous pouvez regarder l'excellent film-documentaire de Colline Serreau qui traite de ces sujets.

 

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(droits réservés)

 

Le processus de décomposition du compost étant terminé, les éléments nutritifs sont immédiatement disponibles pour le sol et les plantes.

Ceci n'est nécessaire que pour les plantes dites à "cycle court".

En particulier les annuelles du potager.

 

En forêt, la décomposition des matières demande autant d'azote.

Mais elle s'étale dans le temps, au rythme des saisons et se fait essentiellement au dépend des feuilles.

Les arbres adultes ne connaissent pas la "faim d'azote" car les phénomènes d'immobilisation d'azote sont moins fréquents.

Par ailleurs, ce sont des plantes pérennes, au cycle de vie long, qui peuvent résister à un manque d'azote occasionnel.

 

Moyennant nos deux bacs, nous n'utilisons jamais de compost autre que le nôtre.

En pratique, nous réservons plutôt le fumier au potager:

 

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Et le compost aux fleurs:

 

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Juste histoire de ne pas mettre d'excréments humains, même décomposés, dans les légumes que l'on produit.

Mais, objectivement, cela ne changerait rien.

 

Accessoirement, tout ce joyeux foutoir crée des terrains de jeux pour des insectes et arthropodes divers.

Amara aulica (2) (amara princière):

 

CARABIDAE Amara aulica 1.JPG

 

Ocypus olens (3) (staphylin noir):

 

STAPHYLINIDAE Ocypus olens 1.JPG

 

Hogna radiata (3) (lycose tarentuline):

 

LYCOSIDAE Hogna radiata 2.JPG

 

Pleurogeophilus mediterraneus (2):

 

GEOPHILOMORPHA GEOPHILIDAE Pleurogeophilus mediterraneus 2.JPG

 

Eristalis pertinax (2) (éristale opiniâtre):

 

SYRPHIDAE Eristalis pertinax 4.JPG

 

Armadillo officinalis (3):

 

ISOPODA ARMADILLIDAE Armadillo officinalis 1.JPG

 

Cylisticus convexus (2):

 

ISOPODA CYLISTICIDAE Cylisticus convexus 2.JPG
 

Etc.

 

Si vous n'avez pas la capacité de produire suffisamment de compost, les municipalités ont désormais l'obligation d'envoyer en station de compostage tous les déchets verts.

Moyennant quoi, il n'est pas rare de pouvoir se procurer du compost auprès de votre déchetterie, pour pas cher, voire pour rien.

 

Il faut savoir que le compost sera déposé à l'automne, puis recouvert d'un mulch: couverture de feuilles mortes, d'herbe séchée, de vieux foin, etc.

Si l'on utilise de la paille, qui peut favoriser la faim d'azote (cf. plus haut), il est essentiel d'amener des quantités d'azote suffisantes.

Il est inutile d'incorporer le compost à la terre de la plate-bande.

Ni labour, ni même griffage.

Les vers de terre (encore eux) se chargeront du travail.

 

Une butte:

 

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La même, un mois et demi plus tard:

 

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Pour conclure avec le compost: le principe de base est de ne pas l'incorporer à la terre.

Cela évite la levée de mauvaises herbes.

Il faut simplement le déposer et le couvrir d'un mulch afin de préserver l'humidité et d'éviter le battage de la pluie.

Cela suffit à amender les sols avec un minimum de travail.

La permaculture est aussi une manière de jardiner parfaitement adaptée aux paresseux (cf. article "cinquième précepte: en faire le moins possible").

 

 

 

 

 



23/11/2016
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