Entomologie pour les nuls (quelques clefs du blog)
Lorsque nous avons commencé ce blog, nous ne savions pas trop où nous mettions les pieds.
Le point de départ a été le choix de l'utilisation exclusive des techniques issues de la permaculture dans notre jardin.
Cette décision nous paraissait éco-responsable.
Grâce à cela, après quelques temps, il nous a semblé que nous observions plus de papillons qu'avant.
Melitaea didyma (3) (mélitée orangée):
Peut-être ne s'agissait-il que d'une impression?
Prenions-nous nos rêves pour des réalités?
Nous n'en saurons jamais rien, puisque nous n'avons aucun critère de référence.
Après les papillons, nous nous sommes intéressés aux libellules.
Sympetrum striolatum (3) (sympétrum fascié):
Puis, notre curiosité nous a poussé à photographier, plus ou moins régulièrement, tous les insectes du jardin.
En faire un inventaire en quelque sorte.
Le nombre important d'espèces rencontrées nous a fait comprendre, depuis, que pratiquer un tel inventaire est impossible.
Avant de commencer, nous étions à des années-lumières de penser rencontrer autant d'insectes différents dans notre seul jardin.
Cela nous laisse croire que nous avons été modestement utiles à la préservation de la biodiversité.
PS: toutes les espèces rencontrées dans le jardin sont dans l'album photo du blog.
Dans le blog, les articles consacrés à l'entomofaune se sont donc multipliés.
Avec une culture entomologique de départ réduite à presque rien.
Les articles sur le jardin proprement dit sont moins nombreux que ceux consacrés aux insectes.
Mais ils continuent de surligner le blog.
Car, sans jardin, évidemment il n'y a pas d'insectes.
Du moins pas d'insectes asservis aux plantes du jardin.
Halictus scabiosae (3) (halicte de la scabieuse) sur une spirée bleue:
Les articles concernant le jardin proprement dit sont regroupés dans les rubriques "jardin", "permaculture" et "fleurs".
Les articles concernant les interrelations entre les insectes et les plantes sont regroupés dans les chapitres intitulés "Insectes et jardin" et "fleurs et insectes".
Quant aux articles sur les insectes seuls, ils deviennent assez nombreux pour qu'il nous semble utile de proposer quelques clefs afin de se repérer.
Surtout pour ceux qui ne connaissent grand chose en entomologie, ce qui était naguère notre cas.
(droits réservés)
Tout d'abord deux mots sur la nomenclature des êtres vivants.
Cela se nomme la taxonomie.
Un insecte, comme n'importe quel être vivant, est défini par son genre et son espèce.
Les noms "scientifiques" sont toujours en latin.
(droits réservés)
Le genre est toujours écrit avec une majuscule, l'espèce avec une minuscule.
Les deux doivent s'écrire en italique.
C'est la règle.
Vespula germanica (3):
Lorsqu'il existe un nom vernaculaire, nous l'indiquons entre parenthèse.
Le nom vernaculaire est le nom "vulgaire" donné à un insecte.
Il s'agit d'un nom français, car il s'avère que nous sommes en France.
Vespula germanica (3) (guêpe germanique):
Dans des pays de langues différentes, il existe aussi des noms vernaculaires.
Mais leur traduction ne correspond pas obligatoirement à ceux que nous utilisons ici.
Par exemple, Vanessa atalanta, est connu en France sous le nom vernaculaire de "vulcain".
En Angleterre, on le nomme "red admiral" (amiral rouge).
Vanessa atalanta (3) (vulcain):
Les lépidoptères, dans leur majorité, disposent de noms vernaculaires.
Sans doute parce qu'ils se remarquent plus que les autres insectes.
Aglais urticae (3) (petite tortue):
Même les papillons les moins connus des profanes, souvent, en disposent d'un.
Eilema complana (3) (manteau à tête jaune):
Quelque fois, le nom vernaculaire n'est pas franchement approprié.
Spilosoma lubricipeda (3) (écaille tigrée):
Pour les autres ordres, seuls certains insectes en ont un.
Parfois, le nom vernaculaire correspond simplement à la traduction du nom latin.
Ainsi le coléoptère suivant, qui appartient à la famille des chrysomèles, se nomme le "cryptocéphale à deux points".
Cryptocephalus bipunctatus (2):
D'autres fois, le nom correspond à une caractéristique de l'insecte.
Ainsi, cette autre chrysomèle, très répandue, se nomme le "crache-sang".
On le nomme ainsi car, lorsqu'il se sent en danger, il émet une hémolymphe rouge par la bouche qui a un très mauvais goût pour les prédateurs.
Timarcha tenebricosa (3) (crache-sang):
Parfois, le nom vernaculaire fait référence à la plante à laquelle l'insecte est le plus souvent inféodée.
Coraebus rubi (3) (bupreste du rosier):
Mais beaucoup d'insectes ne disposent pas de nom en français.
Ainsi, les deux buprestes suivants, pourtant caractéristiques, n'en ont pas.
Acmaeodera degener (3):
Anthaxia cichorii (2):
Les insectes comportent plusieurs ordres (hyménoptères, diptères...).
Les articles concernant un ordre spécifique sont regroupés dans des rubriques du blog dont le titre correspond à l'ordre en question.
Grosso modo, chaque ordre comporte plusieurs familles.
Et chaque famille comporte plusieurs genres.
Certains genres ne comportent qu'une seule espèce.
Bena bicolorana (2) (halias du chêne):
La plupart des genres en comportent plusieurs.
Thereva aurata (2) (thérève dorée):
Thereva plebeja (2):
Quelques genres en comportent beaucoup.
Idaea aversata (3) (acidalie détournée):
Idaea seriata (3) (voisine):
Idaea rusticata (3) (acidalie rustique):
Etc.
Le genre Idaea compte plus de cinquante espèces différentes rien qu'en France.
Comme nous l'avons signalé plusieurs fois, l'identification des insectes à partir de photos n'est pas évidente.
Elle est parfois facile.
Melanogryllus desertus (3) (grillon pubescent):
Parfois difficile.
Sapromyza quadripunctata (2):
Souvent aussi (hélas) impossible.
Andrena chrysosceles (1):
Vous avez sans doute remarqué que chaque espèce signalée dans le blog est suivie d'un chiffre entre parenthèses compris entre 0 et 3.
Nous utilisons le code suivant:
(0): espèce peu probable
(1): espèce probable
(2): espèce très probable
(3): espèce certaine
Même dans la catégorie "espèce certaine", il arrive parfois, a posteriori, que nous constations une erreur.
Nous essayons de corriger au fur et à mesure, mais il est possible que de telles erreurs persistent encore.
Pourquoi l'identification de Andrena chrysosceles est-elle ici impossible?
Andrena chrysosceles est une abeille solitaire appartenant à la famille des andrènes.
Pour être certain de la famille, il faut regarder le détail des ailes.
Ce que l'on nomme la nervation alaire.
(droits réservés)
Or, sur la photo présentée plus haut, la nervation alaire ne se voit pas.
L'identification repose donc sur une "impression", mais pas sur une certitude.
Cette "impression" (l'insecte "ressemble" à une andrène) nous pousse à chercher l'insecte chez les andrènes.
Les sites entomologiques "sérieux" proposent des galeries de photos non exhaustives, mais souvent très importantes.
Les deux principaux sites en français sont "le monde des insectes" (https://www.insecte.org).
Et le site intitulé simplement "les insectes" (http://aramel.free.fr/).
Il existe d'autres sites spécialisés pour certains ordres.
Voici deux photos "certifiées" de Andrena chrysosceles.
(droits réservés)
(droits réservés)
Après avoir fait le tour complet des andrènes, nous en avons conclus que la nôtre ressemblait beaucoup à cela.
Et nous lui avons attribué un code (1).
Mais il est impossible d'aller plus loin.
Une règle, en entomologie, lorsque l'on ne trouve pas l'espèce, consiste à faire suivre le nom du genre par l’abréviation "sp.".
"sp." est l’abréviation du latin "species" qui signifie espèce.
Chaque fois que vous rencontrerez un genre suivi de "sp.", cela signifie que l'espèce est (en ce qui nous concerne du moins) impossible à identifier.
Soit parce que la photo ne montre pas les détails nécessaires à l'identification.
L'impression (que les entomologistes nomment 'habitus") parfois va nous orienter:
Helina evecta (1):
D'autres fois cela ne suffit pas:
Coenosia sp. (3):
Coenosia humilis? intermedia? mollicula?
Les deux spécimens précédents font partie des "mouches vraies" qui représentent l'une des familles les plus difficiles pour l'entomologiste amateur.
Souvent nous ne parvenons pas à déterminer l'espèce parce que nos connaissances en entomologie s'avèrent insuffisantes.
Sciara sp. (3):
Ou parce qu'il existe trop d'espèces dans le genre, très proches les unes des autres:
Lasioglossum sp. (3):
Parfois, il arrive même que le genre soit incertain.
Dans ces cas, le code s'applique au genre.
Medetera sp. (2) = genre très probable.
Dans le même ordre d'idées, revenons un instant sur le crache-sang.
En fait, l'espèce "tenebricosa" n'est que la plus répandue dans le genre Timarcha.
Nous avons cru rencontrer une autre espèce, qui ne s'en distingue que par un détail.
La forme du pronotum (face dorsale du premier segment du thorax).
Pronotum cordiforme (en forme de cœur) chez tenebricosa:
Pronotum subcordiforme (presque en forme de cœur) pour Timarcha nicaensis (timarque niçois):
On le voit, la différence est subtile...
Nous habiterions plus loin de Nice, nous ne nous serions même pas posé la question.
Ce qui est sûr, par contre, c'est que ceci est une larve de Timarcha sur du gaillet (herbe de la famille des rubiacées):
Mais bien malin sera celui qui saura déterminer s'il s'agit d'une larve de tenebricosa ou de nicaensis.
Une autre règle en entomologie, lorsque l'insecte photographié est en train de se reproduire, consiste à ajouter à son nom "in copula".
Ce qui, en latin, veut dire "en train de forniquer".
Harmonia axyridis (3) (coccinelle asiatique) in copula:
Dans cette situation, il est facile de distinguer le mâle de la femelle.
Un mot sur les photographies.
Toutes les photographies proposées dans le site ont été réalisées par nous-mêmes.
Quand ce n'est pas le cas, elles sont signalées par le sous-titre "droits réservés".
Pour être réussie, une photographie d'insecte nécessite un peu de chance.
Il faut que la bestiole soit suffisamment proche.
Peu mobile.
Ne prenne pas trop vite son envol.
Que la profondeur de champ ne soit pas trop serrée.
Etc.
Anthidium florentinum (2) (anthidie florentin):
La plupart des photographies du blog ne sont (hélas) que moyennement réussies.
Les "carrément ratées" sont mises à la poubelle.
Mais, parfois, lorsqu'il s'agit d'une espèce rencontrée une seule fois, nous n'arrivons pas à nous résoudre à foutre en l'air le cliché.
Voici quelques exemples de photos ratées.
Parce que la profondeur de champ est trop réduite:
Psyllobora vigintiduopunctata (3) (coccinelle à 22 points):
Parce que le décor est franchement bidon:
Aphodius foetidus (2):
Parce que les deux défauts sont sur un même cliché:
Antaxius pedestris (3) (antaxie marbrée):
Ou, encore pire, parce que rien ne va et que même la mise au point est défectueuse:
Dolichurus corniculus (1):
Pourquoi publier ces photos?
Parce que, bien que ratées, nous n'avons aucun autre cliché des différents insectes concernés.
Ce ne sont pas forcément des espèces rares.
Mais ce sont certainement des espèces inhabituelles.
Il ne reste plus qu'à espérer les rencontrer à nouveau.
Et, cette fois, réussir un peu mieux les photos.
La suite au prochain épisode...
(droits réservés)
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