La mauvaise foi
Les premiers pas en entomologie, en tant qu'amateur, sont enthousiasmants.
Mais cela ne dure pas.
Très vite, l'on est confronté à la difficulté extrême de déterminer l'espèce de beaucoup d'insectes que nous rencontrons.
Comme l'on commence souvent par les insectes les plus "visibles", à savoir odonates ou papillons de jour, cette difficulté n’apparaît pas immédiatement.
Les odonates représentent moins de 100 espèces différentes en France.
La plupart sont caractéristiques.
Chalcolestes viridis (3) (leste vert):
Coenagrion puella (in copula) (3) (agrion jouvencelle):
Les papillons dits "de jour" comptent environ 250 espèces, qui sont assez caractéristiques aussi.
Limenitis reducta (3) (sylvain azuré):
Vanessa cardui (3) (belle-dame):
Les choses se compliquent immensément lorsque l'on s'intéresse aux diptères.
Tolmerus atracapilus (1):
Ou aux hyménoptères.
Megachile apicalis (1):
Les espèces de ces deux ordres sont très nombreuses.
Et souvent se ressemblent.
En fait, un adage précise que seulement 15% des espèces peuvent être déterminées à partir de photos.
C'est peut-être un peu exagéré.
Mais le fait est que, si l'on ne capture pas l'insecte, c'est-à-dire si on ne le tue pas:
(droits réservés)
on ne parvient pas, dans bon nombre de cas, à le déterminer avec exactitude.
Car, pour analyser, par exemple, correctement une nervation alaire à partie d'une photo: makach walou!
Huit fois sur dix, les ailes ne sont pas discernables en détail.
Or, notre principe de base est de respecter la vie.
Donc, évidemment ne pas tuer.
(droits réservés)
Dans ces conditions, nous sommes condamnés à l'approximation.
Car, hélas, les nervures des ailes, chez les diptères et hyménoptères, sont souvent indispensables pour reconnaître l'insecte dont il est question.
Par exemple, dans ce cas, on peut avoir une idée:
Bombylosoma sp. (3):
Alors que dans celui-là, on n'y voit rien du tout.
Bombylius sp. (1):
Mais nous n'avons, heureusement, pas pour mission de faire avancer la science.
Notre seul but est de faire aimer la nature, et, dans la mesure du possible, la respecter et la préserver.
Si possible de participer aux relevés taxonomiques de notre région, mais sans ambition ni illusion.
Toutes nos déterminations d'insectes sont cependant le fruit de recherches.
A partir des ouvrages dont nous disposons (ils commencent à être nombreux).
Et, bien sûr, d'internet.
Souvent, nous sommes certains de ce que nous annonçons.
Conops ceriaeformis (3):
Parfois, nous avons de légers doutes.
Agriphila geniculea (2) (crambus des friches):
Une anecdote concernant celui-ci:
-lorsque nous l'avons écrit pour la première fois, en lieu de "geniculea", le correcteur d'orthographe nous a proposé "enculage" (8 lettres).
D'autres fois, nous avons des doutes très sérieux.
Megachile circumcincta (1):
Et parfois, nous savons que nous avons toutes les chances de nous tromper.
Polistes biglumis (0):
Malgré cela, notre "mauvaise foi" nous incline à nommer, malgré tout, l'insecte en question.
Cela n'est pas bien!
Cela ne sert qu'à calmer nos pulsions obsessionnelles compulsives, qui nous condamnent à ne pas laisser une case vide.
Comment abandonner un bel insecte aux limbes de l'indéterminé?
Rhopalus conspersus (1):
Au moins, dans ce cas, sommes-nous certains du genre.
Comment ne pas ressentir une grande frustration quand l'espèce nous échappe complètement?
Hylaeus sp. (3):
Ou quand le genre même est incertain?
A partir de cette photo, nous pouvons juste conclure qu'il s'agit d'une abeille sauvage ressemblant à une osmie.
Nous n’acquerrons jamais les compétences nécessaires permettant de nous assurer de tout.
Amateurs nous sommes, amateurs nous resterons.
Notre but essentiel a été d'avoir créé un espace au sein duquel la biodiversité puisse se développer en toute quiétude.
Dès lors, comment n'être pas tentés de l'observer?
Mais cette observation reste située dans le domaine des émerveillements de l'enfance.
Nous faisons partager une "approximation".
Mais une "approximation sérieuse", car, malgré tout, à notre rythme, avec nos capacités, nous cherchons...
Actuellement, nous pouvons penser que 60% de nos identifications sont justes.
20% peuvent être considérées comme un peu douteuses.
Genre certain, mais espèce seulement probable.
Strictopleurus punctanervosus (1):
Genre certain, espèce incertaine mais possible.
Amegilla quadrifasciata (1):
Quelquefois, l'espèce nous semble impossible à déterminer à coup sûr.
Stevenia sp. (2):
Nyctia sp. (2):
Dans ces cas, nous nous contentons du genre, l’abréviation "sp." signalant une espèce pour l'instant inconnue.
Enfin, 20% de nos identifications peuvent être considérées comme très douteuses.
Hylaeus lineolatus (0):
Ce pourcentage est, évidemment, approximatif.
Nous espérons progresser dans le futur.
Parfois, nous sommes de "mauvaise foi" dans l’identification d'un insecte.
Mais, quand c'est les cas, toujours nous le signalons.
Nous avons mis en place un code chiffré pour cela:
(0): espèce peu probable
(1): espèce probable
(2): espèce très probable
(3): espèce certaine
Si le genre seul est indiqué, le code s'applique au genre.
Megachile sp. (3) équivalent à genre certain, espèce inconnue:
Car, en fin de compte, et fondamentalement, nous sommes des êtres de bonne foi.
Sinon nous n'aurions pas écrit cet article.
PS: de fait, si des erreurs, de bonne foi, se sont glissées dans nos espèces, et que quelqu'un les remarque, nous vous remercions par avance de nous les signaler.
NB: dès que nous constatons une erreur dans nos déterminations, nous corrigeons l'article concerné.
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