Regarder les fleurs, voir les insectes: lavatère
Lorsque l'on choisit les plantes qui vont constituer ses plate-bandes et massifs, on pense en premier à l'aspect esthétique.
Mais d'autres éléments de choix doivent jouer.
Notre conception des plate-bandes est issue des principes permaculturels que nous avons exposés dans nos articles regroupés dans la catégorie "Permaculture".
Nous ne développerons pas à nouveau ces principes.
Nous en rappellerons simplement deux: diversité et floraisons étagées.
Au milieu du mois de mai, voici à quoi ressemble notre terrasse.
Le rosier grimpant (Paul Himalaya musk) est en fleur.
Devant, de gauche à droite, sont disposées les plantes suivantes:
sureau, valériane, lagestroemia, lilas, jasmin d'hiver.
Puis, après les marches: lavatère, asters, coquelicots, caryopteris, nigelle de Damas et rosier "Alfred Carrère".
Courant mai, à l'exception des rosiers (et des coquelicots), les autres plantes n'ont pas encore effectué leur floraison.
De l'autre côté de la terrasse, dépassé le rosier "Alfred Carrère", nous rencontrons d'autres espèces.
Certaines sont en fleurs (bourrache, deux rosiers "inconnus", sauge de Jérusalem), et d'autres non (lagestroemia, caryopteris).
Entre la bourrache et la sauge de Jérusalem, on devine à peine une petite plante encore discrète: l'hélichryse italienne.
Nous allons nous intéresser ici à l'une des plantes constituant cette plate-bande: la lavatère.
Cette plante méditerranéenne dispose de nombreux atouts.
Elle est très rustique, donc résiste parfaitement bien aux variations de température.
Elle ne nécessite que très peu d'eau.
Sa floraison, qui démarre en juin, est très généreuse et dure longtemps.
Elle pousse et se propage rapidement.
A côté de l'aspect esthétique, la lavatère va jouer un rôle particulier en tant que facteur de la biodiversité.
Chaque espèce de plante attire certains insectes, et d'autres non.
Les équilibres et interdépendances entre plantes et insectes sont multiples et très complexes.
Certains insectes sont polyvalents, d'autres inféodés à une seule espèce végétale.
Le fait de multiplier les espèces végétales favorise donc l'entomofaune sauvage.
Laquelle permet (entre autres) la reproduction des espèces de plante en question.
Xylocopa valga (2):
Le fait de disposer d'espèces variées, à floraisons étagées, est essentiel.
Non seulement le jardin est en fleur pendant de longues périodes.
Mais de plus les générations successives d'insectes pollinisateurs trouvent toujours leur pitance.
Et cela permet la pollinisation des végétaux concernés.
Les abeilles domestiques ne dédaignent pas la lavatère.
Ce sont des insectes pollinisateurs très polyvalents.
Apis mellifera (3) (abeille domestique):
Les xylocopes l'adorent.
Xylocopa sp. (3) (abeille charpentière):
Ainsi que les mégachiles.
Megachile ericetorum (1):
On voit bien ici la brosse ventrale chargée de pollen:
Les bourdons aiment bien aussi les lavatères.
Bombus pascuorum (3) (bourdon des champs):
Dans tous les clichés qui précèdent, nous constatons un comportement typique des insectes pollinisateurs.
Ils se posent au centre de la corolle de la fleur.
Se nourrissent de nectar.
Pour certains préparent des réserves de pollen (abeilles, bourdons).
Et, dans tous les cas, transportent du pollen d'une fleur à l'autre, permettant la reproduction de la plante.
Dans d'autres cas, le comportement des hyménoptères posés sur les lavatères est moins évident.
Par exemple, en fin de floraison, cette petite guêpe était très intéressée par les sépales de la fleur.
Ancistrocerus renimacula (2):
Ceux-ci sont recouverts de duvet.
La bestiole semble s'en nourrir.
A moins qu'elle ne le récolte dans un but que nous ignorons.
A la manière des abeilles cotonnières?
Une autre petite guêpe adoptant un comportant similaire sur la lavatère.
Paradontodynerus ephippium (2):
A noter sur le cliché suivant une petite thomise à l'agachon (flèche rouge):
Mais qui ne s'attaquera certainement pas à la guêpe, bien trop grosse pour elle.
Une autre thomise, indéterminable, en attente dans une corolle de lavatère.
A côté des hyménoptères, les lavatères accueillent d'autres insectes pollinisateurs.
Lépidoptères.
Agriphila selasella (2) (crambus des rivages):
Coléoptères.
Rhagonycha fulva (3) (téléphore fauve):
Mordella aculeata (2):
Podagrica fuscipes (3):
D'autres coléoptères, entomophages ou omnivores, fréquentent plutôt les feuilles.
Harmonia axyridis (3) (coccinelle asiatique):
Omonadus floralis (2):
Sur les plans de lavatère, on rencontre aussi des diptères.
Anthomyia pluvialis (3) (mouche de la pluie):
Stevenia signata (2):
Pachygaster atra (3):
Ainsi que de nombreuses punaises.
Nezara viridula (3) (punaise verte immature):
Pyrrhocoris apterus (3) (gendarme):
Le même en train de procréer.
Pyrrhocoris apterus in copula (3) (gendarme):
Et plein d'autres.
Deraeocoris ruber (3):
Heterotoma planicornis (3):
Carpocoris mediterraneus (2) (pentatome méridional):
Closterotomus fulvomaculatus (2):
De fait, les lavatères un excellent terrain pour l'entomologiste amateur.
Un quart d'heure à côté d'un plant en fleurs suffit à réaliser de nombreux clichés.
Avec la lavatère, nous disposons donc d'une plante agréable, facile d'entretien.
Elle peut aisément se multiplier par bouturage.
Elle est propice à la préservation et à l'observation de l'entomofaune.
Bref, un must!
Anthidium florentinum (2):
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 154 autres membres