LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

Pourriture de guêpes

Dans certains articles consacrés aux diptères, nous expliquions que nous n'aimions pas les mouches.

Or, il se trouve que nous détestons encore plus les guêpes.

Car les guêpes nous piquent.

Elles nous font du mal.

Elles peuvent même nous tuer.

Bref, les guêpes sont des pourritures. 

 

Les guêpes, nous croyons les connaitre.

Mais les connaissons-nous vraiment?

 

A tout seigneur, tout honneur, commençons la plus grosse (presque) des guêpes: le frelon.

Vespa Crabro (3) (frelon d'Europe):

 

VESPIDAE Vespa crabro 2 (frelon d'Europe).JPG

  

Avec cet animal-là, il y a de quoi avoir les foies.

Mais pourquoi, en réalité, avons-nous peur des frelons?

Parce qu'ils sont gros?

Parce qu'ils sont dangereux?

Vespa Crabro (3) (frelon d'Europe):

 

VESPIDAE Vespa crabro 1 (frelon d'Europe).JPG
 

Certes, le frelon est un insecte assez gros.

Mais ce n'est qu'un insecte.

Il dépasse rarement 30 mm.

Le frelon a mauvaise réputation parce qu'il peut piquer.

Comme son dard est long, sa piqûre est plus douloureuse que celle de la guêpe domestique.

Cependant, il s'agit d'un animal très peu agressif.

Sauf si vous vous approchez très près de son nid, il ne vous attaquera jamais.

Par ailleurs, il est très peu dangereux, car il injecte relativement peu de venin lors d'une piqûre.

Même si vous êtes attaqués par toutes les ouvrières d'un nid, vous n'avez aucune chance de mourir.

Nous y reviendrons.

 

La guêpe a moins mauvaise réputation que le frelon.

 

gupe-de-vol-13578393.jpg

(droits réservés)

 

Pour deux raisons essentielles.

Elle est plus petite.

Elle a tendance à fuir la lumière, au contraire des frelons que la lumière attire.

Si vous avez un nid de frelon pas loin de chez vous, ils risquent de rentrer par les fenêtres et tourner autour d'une lampe.

Pour qu'ils sortent, il suffit d'éteindre l'intérieur et allumer la terrasse.

 

La guêpe a meilleure réputation, pourtant elle est pire que le frelon.

 

aiguillon-4743825.jpg

(droits réservés)

 

Elle est pire parce que nous rencontrons beaucoup plus de guêpes.

Non seulement elles sont plus nombreuses, mais elles vivent, contrairement aux frelons, à notre proximité.

Les nids de frelons dans les cheminées sont assez exceptionnels.

Alors que les nids de guêpes sous les auvents sont pléthores.

De plus les guêpes injectent une plus grosse quantité de venin lors d'une piqûre.

Et, si elles fuient la lumière, elles rentrent souvent dans les maisons dans la journée.

Vespula germanica (3) (guêpe germanique) dans la cuisine:

 

IMGP3844.JPG

 

Donc, vous avez beaucoup plus de chance dans votre vie de vous faire piquer par une guêpe que par un frelon.

Par ailleurs, si la piqûre est moins douloureuse (dard plus petit), le risque d'envenimation est (un peu) plus important.

 

Avant d'aller plus loin, il faut préciser un point de sémantique.

Cet article est consacré aux guêpes et parle en premier du frelon.

Puis, il parle de la guêpe.

Mais en fait, qu'entendons-nous par guêpe?

Nous admettons à peu près tous que le frelon est une grosse guêpe.

C'est en partie vrai.

S'il existe des grosses guêpes, c'est qu'il en existe des petites.

C'est en effet le cas.

Ancistrocerus auctus (2):

 

VESPIDAE Ancistrocerus auctus 1.JPG

 

De fait, ce que nous appelons couramment LA guêpe serait donc, a priori, une guêpe moyenne. 

C'est aussi en partie vrai.

Si ce n'est qu'il existe plusieurs espèces de guêpes moyennes.

Delta unguiculatum (3) (guêpe delta):

 

VESPIDAE Delta unguiculatum 1.JPG

 

Ce que nous appelons LA guêpe correspond, à peu de chose près, aux guêpes sociales.

Ce sont celles qui vivent en colonies, avec une reine, des ouvrières femelles, et des mâles reproducteurs.

Elles construisent des nids possédant plusieurs alvéoles.

Les guêpes sociales appartiennent quasiment toutes à la famille des Vespidae.

Les plus banales sont Vespa vulgaris et Vespa germanica.

Banales mais pas fréquentes dans le jardin de Choui et Leia.

 

En effet, nous n'avons jamais rencontré de "guêpe vulgaire".

Sans que nous n'ayons d'explication à cela.

De fait, si l'on considère que la "guêpe vulgaire" est la plus banale, c'est donc celle que l'on est en droit de nommer LA guêpe.

Conséquemment, nous développons un article sur les guêpes sans jamais en avoir vu.

 

Heureusement, nous croisons quelques guêpes germaniques.

Vespula germanica (3):

 

VESPIDAE Vespula germanica 1 (guêpe germanique).JPG

 

Que l'on est en droit d'appeler aussi LA guêpe.

 

VESPIDAE Vespula germanica 2 (guêpe germanique).JPG

 

Les guêpes sociales les plus répandues dans notre jardin sont les polistes.

Il en existe plusieurs espèces, dont la détermination est extrêmement difficile.

Nous avons cru rencontrer Polistes biglumis, dominula, gallica et nimpha.

Mais, franchement, notre "mauvaise foi" n'est pas si grande que nous puissions les proposer en tant que tels.

Donc, nous nous contenterons de Polistes sp. (3):

 

VESPIDAE Polistes biglumis 1.JPG
 

VESPIDAE Polistes dominula.JPG

 

La seule chose dont nous sommes sûrs concernant les polistes, c'est que la plupart sont des femelles (ouvrières).

Polistes sp. (3):

 

VESPIDAE Polistes gallicus 3 (poliste gaulois).JPG 

  

et que d'autres sont des mâles reproducteurs.

Polistes sp. (3):

 

VESPIDAE Polistes sp. 1 (mâle).JPG

 

On différencie les mâles et femelles polistes par la forme des antennes, le nombre d'articles antennaires, et le nombre de segments abdominaux.

Au passage, souvenez-vous que beaucoup de guêpes aiment les fruits.

Donc soyez prudents avant de cueillir ceux de votre jardin.

Notons au passage que les seules guêpes sociales très répandues dans notre jardin ne sont pas des guêpes.

Mais des polistes.

 

Au total, les guêpes appartiennent à la famille des Vespidae.

Le suffixe du nom scientifique de la famille est dérivé du latin vespa qui signifie "guêpe".

Parmi les Vespidae, on dénombre deux tribus de guêpes sociales, pollistini, qui compte les polistes, et vespini, qui compte les genres Vespa (frelon) et Vespula (guêpe).

 

Mais, parmi les Vespidae, il existe d'autres groupes de guêpes qui ne sont pas sociales.

C'est-à-dire qui ne fondent pas de colonies.

Il s'agit des guêpes solitaires.

Les eumènes, déjà rencontrées dans l'article "nous aurait-on menti?", sont presque toutes des guêpes solitaires.

Eumenes mediterraneus (2) (eumène méditerranéenne):

 

VESPIDAE Eumenes mediterraneus 3.JPG

 

Les allodynères le sont aussi.

Allodynerus delphinalis (2):

 

VESPIDAE Allodynerus delphinalis 2.JPG

  

Nous nous sommes déjà un peu éloignés de LA guêpe.

Cela ne s'arrête pas là.

A côté des Vespidae, il existe bien d'autres familles d'hyménoptères que l'on appelle aussi des guêpes.

Mais, dans leur cas, l'imaginaire collectif ne les associe pas aux guêpes.

Soit qu'elles en diffèrent par leur morphologie, soit qu'elles en diffèrent par leurs couleurs, soit les deux.

 

Voici d'abord les scolies, qui sont assez grosses.

Scolia hirta (3) (scolie des jardins):

 

 SCOLIIDAE Scolia hirta 2.JPG

 

Certaines sont même encore plus grosses que les frelons, avec lesquels on les confond souvent.

Les frelons sont parfois appelés "cabridans" en Provence.

Parfois, ce sont les scolies qu'on appelle ainsi.

Oh, Bartoumieou, ce bofi, s'il te gope, il t'escagasse.

Traduction: Oh, Dupont, ce gros, s'il t'attrape, il te fait du mal.

Ce n'est pas un frelon, c'est un cabridan!

Megascolia maculata (3) (grande scolie):

 

SCOLIIDAE Megascolia maculata (scolie des jardins).JPG
 

Bien qu’impressionnantes, les scolies sont absolument sans danger pour l'homme.

De même que la quasi-totalité des guêpes solitaires.

Surtout, n'essayez pas de les tuer.

Elles font partie de nos écosystèmes et participent de leurs équilibres.

 

Parmi les guêpes, certaines familles sont très surprenantes pour le profane.

Pourtant, si l'on savait mieux regarder, nous finirions par les voir, car elles sont obligatoirement présentes dans nos jardins.

 

Il y a, par exemple, les mutilles, ou "guêpes fourmis".

On les nomme ainsi car les femelles sont aptères (sans ailes).

Les mutilles sont très bizarres.

Elles sont recouvertes de "poils".

Malheureusement, très actives au sol, elles sont difficiles à photographier.

Mutilla europea (1):

 

MUTILLIDAE Mutilla europea.JPG

 

Ronisia barbarula (2):

 

MUTILLIDAE Ronisia barbarula.JPG

  

Il est clair que, dans ces cas, on ne pense pas à une guêpe.

Il paraîtrait que les piqûres de mutilles sont très douloureuses.

Personnellement, nous serions curieux de rencontrer quelqu'un qui se soit fait, un jour, piquer par une mutille.

 

Pour en finir avec ces histoires de piqûres, il faut préciser plusieurs choses.

Tous les hyménoptères appartenant à l'infra-ordre des aculéates (dont font partie la totalités des familles présentées ici) disposent de la capacité d'inoculer du venin par l'intermédiaire d'un dard.

Il est situé à l'extrémité de l'abdomen et, en général, on ne le voit pas.

Hylaeus sp. (3):

 

COLLETIDAE Hylaeus sp. 1.JPG

 

Les térébrants eux n'ont pas d'aiguillon (Ichneumonidae, Chalcididae, Gasteruptionidae).

Ce que l'on voit ici est un ovipositeur, pas un dard.

Cela ne pique pas mais sert, comme son nom l'indique, à déposer les œufs.

Banchinae sp. (3):

 

ICHNEUMONIDAE Cryptinae 2.JPG

 

L'immense majorité des hyménoptères du groupe des aculéates sont cependant sans danger.

Pour deux raisons:

Ils ne piquent quasiment jamais les humains.

Leur venin est pratiquement inoffensif pour nous.

 

Les guêpes communes sont (relativement) dangereuses.

Non pas à cause de leur venin (il faudrait subir plusieurs milliers de piqûres pour mourir, ce qui ne s'est probablement jamais produit sauf lors d'une séance de torture chinoise).

Mais à cause des phénomènes allergiques qu'elles peuvent déclencher.

Ainsi les guêpes sont dangereuses au même titre que les chats, les kiwis, ou pire, les cacahuètes.

 

Les abeilles sont beaucoup plus dangereuses que les guêpes.

Pourtant, celle-ci a l'air bien inoffensive, posée sur sa ruche à l'entrée du trou de vol:

 

IMGP3502.JPG 

  

Ne vous fiez pas aux apparences.

Les abeilles injectent une quantité de venin bien supérieure aux guêpes.

Sept fois plus en moyenne.

Et le fait qu'elles meurent en piquant ne les dissuadera pas.

Car, si elles estiment que leur ruche est en danger, les abeilles vous attaqueront sans discuter.

De plus, les abeilles sont de vraies garces.

Lorsqu'une vous a piqué, ce sont sept ou huit autres qui vous piqueront à leur tour. En effet, elles se transmettent l'information.

 

Quelques centaines de piqûres peuvent être fatales pour un homme.

Cela peut paraître beaucoup.

Dans la mesure où une colonie d'abeilles compte au minimum 10000 individus (contre une moyenne de 100 pour les polistes, 500 pour les frelons, 1000 pour les guêpes communes), ce n'est pas tant que cela.

Essaim d'abeilles:

 

gros-essaim.jpg

(droits réservés)

 

Le venin des abeilles est composé de plusieurs substances dont des cytotoxiques et des neurotoxiques.

Dans les cas de piqûres massives, ce n'est plus l'allergie qui compte, mais bien l'envenimation.

Heureusement, nous ne sommes piqués qu'exceptionnellement par des abeilles.

 

Nous sommes beaucoup plus souvent piqués par des guêpes.

Tant mieux pour nous.

Il faut surtout faire attention à la fin de l'automne.

Les guêpes, en fin de course, sont fatiguées.

Elles recherchent l'abri des maisons.

Vespula germanica (3), dans la chambre:

 

IMGP3823.JPG

 

Comme elles sont cuites, elles ont perdu l'énergie du vol, et se traînent au sol.

 

IMGP3821.JPG

 

Si vous marchez pieds nus dans la maison, il risque de se produire ceci:

 

IMGP3831.JPG

 

Un détail important, le venin des hyménoptères est thermolabile (comme celui des vives).

Un sèche-cheveu, le bout incandescent d'une cigarette, permettent de le détruire et l'effet est immédiat.

Dans ce cas, nous avons opté pour un bain chaud, et, de suite après (sans aucun trucage, nous vous le promettons) cela a donné ceci:

 

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L'inflammation a quasiment disparue, et l'on ne voit presque plus la piqûre.

 

En conclusion, n'ayez plus peur des guêpes.

Vous ne risquez rien, il suffit de ne pas aller les emmerder.

Même si elles vous piquent, sauf cas extrême, cela ne sera jamais grave.

Par contre, méfiez-vous des abeilles.

Des ruches, en fait, ou des essaims.

A leur approche, il faut être particulièrement prudent.

 

combinaison-apiculteur-200x300.jpg

(droits réservés)

  

Enfin, nous avons gardé le plus beau pour la fin.

Nous ne tricherons pas: nous ne connaissions même pas l'existence des chrysides avant de les prendre en photo.

Les chrysides sont assez petites, de l'ordre de 10 mm.

La première que nous avons photographiée, nous devinions bien qu'il s'agissait d'un insecte tirant sur le bleu, mais pas plus.

Au "développement", nous découvrîmes ceci:

Chrisis ignita (3):

 

CHRYSIDAE Chrysis ignita 2.JPG

 

Au fur et à mesure de nos pérégrinations jardinières, nous avons découvert d'autres chrysides.

Holopyga ventralis (1):

 

CHRYSIDIDAE Holopyga sp..JPG

 

Chrysura dichroa (2):

 

CHRYSIDAE Chrysura dichroa.JPG

 

Chrysis comparata (2):

 

CHRYSIDAE Chrysis comparata 2.JPG

 

Entre autres noms vernaculaires, on appelle les chrysides les "guêpes-bijou".

On comprend facilement pourquoi.

 

Voilà pour cette fois.

En avons-nous fini avec ces "pourritures" de guêpes?

Pas tout-à-fait encore.

Ni avec les abeilles d'ailleurs.

Les hyménoptères représentent un ordre très important.

Avec beaucoup de familles, et plusieurs milliers d'espèces différentes en France.

Nous sommes encore très loin d'en avoir fait le tour.

 

cropped_MI_Its_a_Long_Way_to_Tipperary_Library_of_Congress.jpg

(droits réservés)

 

It's a long long way...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



14/12/2016
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