Les mouches
Les mouches viennent en dernier.
Non pas sur les cadavres.
Mais dans les préoccupations de n'importe quel entomologiste amateur.
On préfère s'intéresser aux libellules ou aux papillons.
Parce que les mouches ne plaisent pas.
Muscina levida (2):
Dans les temps anciens, on les associaient à Satan, lequel était aussi surnommé le Dieu des mouches.
Même Saint François d'Assise n'aimait pas les mouches.
C'est tout dire!
Et nous n'aimons pas non plus les mouches.
Parce qu'elles nous agacent.
Parce qu'elle sont moches.
Helina reversio (2):
Même leurs noms latins sont moches.
Sarcophaga carnaria (2) (mouche de la viande):
Calliphora vomitoria (1) (mouche bleue):
Mais les mouches sont-elles réellement si moches?
Calliphora vomitaria est bien difficile à distinguer de sa cousine Calliphora vicina, dont le nom est plus agréable.
Sauf lorsque nos voisins nous donnent envie de vomir.
Avec un plus joli nom, elle parait plus belle.
Calliphora vicina (2):
Sarcophaga carnaria s'appelle aussi la mouche à damier.
C'est vrai que cela fait plus classe que la "mouche à viande".
Et, du coup, nous la regardons aussi différemment.
Sarcophaga carnaria (2) (mouche à damier):
Alors, moches?
Les luciles, c'est sûr, sont belles.
C'est sans doute pour les punir de cette beauté que le "vulgum pecus" les confond systématiquement avec les mouches à merde.
Ce qu'elles ne sont pas.
Lucilia sp. (3) (mouche verte):
Belles, mais impossibles à déterminer les unes des autres sans les bousiller à coups de tapette.
Et les passer sous la loupe binoculaire.
Méritent-elles cela?
Les luciles sont englobées dans le groupe (complètement factice) des mouches vertes.
Ce groupe compte 25 espèces différentes en France.
Nous ne pouvons que déconseiller un entomologiste amateur de s'y intéresser car elles représentent un véritable casse-tête chinois.
Ceci est une probable Lucilia sericata (1):
Les deux exemples qui suivent sont caractéristiques de nos débuts en entomologie.
Premièrement, nous de disposions pas de l'appareil adéquat.
Deuxièmement, nous ne disposions pas non plus du minimum de connaissances nécessaires.
Cependant, les mouches vertes, parce qu'elles brillent au soleil, avaient attiré notre attention.
Et nous avions naïvement tenté des identifications.
Chrysomia albiceps (0):
Eudasyphora cyanella (0):
En fait, il y a vraiment très peu de chance que ces identifications soient exactes.
Nous les publions pour mémoire.
Afin de montrer les erreurs à ne pas commettre.
Dans les deux cas, les photos sont mauvaises.
Aucun élément déterminant n'est visible.
Bref, cela ne vaut pas un clou.
Les mouches sont-elles donc bien là pour nous démoraliser?
Certaines nous pourrissent la vie au quotidien.
En pénétrant dans l'intimité de nos chaumières lorsque l'hiver s'approche.
Même les mouches les plus habituelles ne sont pas faciles à distinguer entre elles.
Mais alors, franchement pas.
Musca automnalis (2) (mouche d'automne):
Musca domestica (2) (mouche domestique):
En fait, qui sont donc ces mouches, que nous croyions si bien connaitre?
Ce que nous appelons "les mouches" font partie de l'ordre des diptères.
Mais tous les diptères ne sont pas des mouches (cf. article "Pas tout-à-fait des mouches mais presque").
Nombreux sont, toutefois, les diptères qui sont des "mouches".
Les syrphes, les bombyles, peuvent être considérés comme des "mouches" (cf articles "Magnifiques, mystérieux: les syrphes" et "Curieux, attachants: les bombyles").
Mais, habituellement, ce que l'on appelle "les mouches", appartiennent à la famille des Muscidae, et aux familles qui lui sont apparentées.
Bref, les mouches sont toutes les mouches qui ressemblent à des "mouches".
Les Muscidae comptent en leur sein les "mouches domestiques" et les "mouches d'automne".
Mais bien d'autres espèces encore.
Et bien difficiles à déterminer.
Rares sont celles, comme la "mouche des étables" par exemple, qui disposent d'un élément caractéristique.
Stomoxys calcitrans (3):
La plupart du temps, tout se joue sur un détail.
L'habitus, la nervation alaire sont importants, mais ne suffisent pas.
Idéalement, il faudrait aussi s'attacher à la chétotaxie (disposition des soies sur le thorax).
Mais cela est peu accessible à l'amateur.
Alors on patauge, on cherche dans les galeries, on essaie...
Coenosia agromyzina (2):
Coenosia testacea (1):
Des fois, on aimerait bien tenter une espèce.
Mais nous n'osons pas pousser aussi loin notre mauvaise foi.
Surtout lorsque l'on doute même du genre.
Coenosia sp. (2):
Heureusement, certaines mouches ont la décence d'être facilement reconnaissables.
Mesembrina meridiana (3) (mouche de midi):
Graphomya maculata (3) (graphomie tachetée):
Mais elles ne représentent que des exceptions.
La plupart du temps l'identification est difficile, voire impossible à partir d'un seul cliché.
On essaie encore...
Limnophora maculosa (1):
Phaonia bitincta (2):
Phaonia fuscata (2):
Phaonia tuguriorum (1):
On cherche à les reconnaître, en tentant d'y apporter tout le sérieux nécessaire.
Mais, souvent, de gros doutes persistent.
Et nous savons, d'ores et déjà, que nos erreurs d'identification les plus nombreuses concernent les mouches.
Petit à petit, nous tâchons d'y remédier.
Ainsi le spécimen suivant avait été, dans un premier temps, considéré appartenant à la famille des Muscidae.
Il s'agissait, en fait, d'une tachinaire.
Une famille de mouches évoquée dans l'article "Pour en finir avec les mouches".
Stomina sp. (3):
Les Muscidae comptent plus de cent espèces en France.
Et rien ne ressemble plus à une mouche qu'une autre mouche.
Hebecnema nigra (1):
Hydrotaea similis (1):
A côté des Muscidae, il existe d'autres familles qui leur sont proches.
Et dont les spécimens sont aussi appelés vulgairement des "mouches".
Certains membres de ces familles ont déjà été évoqués en début d'article.
Lucilia (la "mouche verte") et Calliphora (la "mouche bleue") pour celle des Calliphoridae.
Voici d'autres espèces de calliphorides:
Pollenia rudis (2) (mouche des greniers):
Bellardia vulgaris (1):
Melinda viridicyanea (1):
Stomorhina lunata (3):
Dans les deux photos qui précédent, nous avons affaire à un mâle, puis à une femelle.
Le dysmorphisme sexuel présenté ici est assez banal chez les mouches.
Yeux serrés chez les mâles, écartés chez les femelles.
Voici d'autres spécimens, cette fois de sarcophagides:
Nyctia halterata (3):
Sphenometopa fastuosa (3), très caractéristique:
Sarcophaga africa, ici reconnaissable parce que l'on aperçoit une tache rougeâtre au niveau de l'anus...
Souffre-t-elle d'hémorroïdes?
Sarcophaga africa (3):
Parmi les familles proches des Muscidae, il y a aussi celle des Anthomyiidae.
Encore une fois, un groupe présentant "certaines" difficultés en termes de détermination.
Ainsi Anthomyia pluvialis ressemble comme deux gouttes d'eau à sa cousine, Anthomyia procellaris.
Anthomyia pluvialis (3) (mouche de la pluie):
Anthomyia procellaris (3):
Mais elles se ressemblent toutefois moins que Musca domestica et Musca automnalis.
Malgré que nous ne les aimions pas, les mouches nous sont nécessaires.
Ce sont elles qui nous débarrassent des charognes et des excréments.
(droits réservés)
Encore elles dont les larves produisent l'humus.
Certaines sont prédatrices des pucerons, d'autres régulent les mauvaises herbes, d'autres participent de la pollinisation...
Enfin, et peut-être surtout, du fait de leur énorme biomasse, les mouches représentent un des éléments essentiels des chaines alimentaires.
Les mouches nous emmerdent.
(droits réservés)
Mais nous n'existerions pas sans elles!
Malgré cela, nous continuons de ne pas aimer pas les mouches.
Même Einstein ne les aimait pas.
En effet, il se souciait des catastrophes provoquées par une éventuelle disparition des abeilles.
Mais il n'évoqua jamais celle des mouches, qui serait plus catastrophique encore.
Nous n'aimons pas les mouches, mais nous avons tort de ne pas les aimer...
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