Encore des mouches
Nous n'aimons pas les mouches.
Cela semble un fait acquis.
En souffrent-elles?
C'est possible.
Car, après tout, que savons-nous des mouches si ce n'est presque rien?
Elles doivent bel et bien souffrir de ce désamour puisque certaines d'entre elles se déguisent en hyménoptères.
Ne serait-ce que dans le but d'attirer notre attention?
Episyrphus balteatus (3) (syrphe à ceintures):
Nous montrer que toutes les mouches ne sont pas des mouches?
Sphaerophoria scripta (3) (syrphe porte-plume mâle):
Sphaerophoria scripta (3) (syrphe porte-plume femelle):
Vous trouvez cela absurde?
Sans doute cela l'est-il.
Bien sûr, les mouches qui ressemblent à des abeilles ne se travestissent pas parce que nous n'aimons pas les mouches.
L'on admet qu'elles se travestissent ainsi pour détourner l'attention des prédateurs...
Est-ce si simple?
Est-ce moins absurde?
Nous y reviendrons dans un autre article consacrés aux syrphes ("magnifiques, mystérieux: les syrphes").
La famille des mouches qui ressemblent aux hyménoptères se nomment les Syrphidae (en langue vernaculaire: les syrphes).
Selon les espèces, ils ressemblent à des hyménoptères différents.
Certains syrphes ressemblent aux abeilles.
Eristalis tenax (2) (éristale tenace):
Eristalis similis (2):
D'autres ressemblent aux collètes.
Eristalis interrupta (2) (éristale interrompue):
D'autres encore ressemblent aux guêpes.
Syrphus ribesii (2) (syrphe du groseillier):
D'autres, carrément mégalomanes, ressemblent aux frelons.
Milesia crabroniformis (3) (milésie frelon):
Il faut croire que tout cela fonctionne, puisque les syrphes existent.
Mais que doit-on penser de ceux qui ne ressemblent à rien?
Paragus bicolor (3):
Ou de ceux qui ressemblent plutôt à des taons qu'à des hyménoptères?
Merodon clavipes (2):
Merodon avidus (3):
Si l'on suit à la lettre la théorie darwinienne, de nombreux syrphes, rouge et bleu, blancs à points roses, ont du apparaître au fil du temps.
Puis disparaître, faute d'avoir adopté le bon déguisement.
Si l'on se veut plus lamarckien, on peut penser que les syrphes ont anticipé l'efficacité de leur camouflage.
La vérité est, assurément, assez éloignée de cela.
Et pourtant, pour paraphraser Galilée, les syrphes volent.
Lorsque nous comprendrons pourquoi les syrphes ressemblent aux hyménoptères, nous serons les équivalents des dieux.
On peut prophétiser que ce n'est pas pour demain.
En attendant, les syrphes nous réconcilient avec les mouches.
Ils sont beaux.
Myathropa florea (3) (éristale des fleurs):
Faciles à identifier.
Volucella pellucens (3) (volucelle transparente):
Encore que cela ne soit pas toujours le cas.
Certains se ressemblent étrangement.
Helophilus trivittatus (1) (hélophile à bande grise):
Helophilus pendulus (1) (hélophile suspendu):
Et que penser de celui-ci?
Eristalis interrupta (1) (éristale interrompue):
Si ce n'est qu'il ressemble à s'y méprendre, non pas à une énorme paire de couilles (cf le film "La cité de la peur"), mais à celui-là.
Eristalis arbustorum (1) (éristale des arbustes):
Donc, tous les syrphes ne sont pas si faciles à identifier.
Le syrphe suivant appartient au genre qui porte le nom du groupe.
Il en est, en quelque sorte, le paradigme.
Mais l'espèce est indéterminable à partir de cette photo.
Syrphus sp. (3):
Celui-ci aurait pu l'être s'il avait daigné nous montrer son dos.
Eupeodes sp. (3):
Mais l'on ne voit que ses yeux.
Nous nous contenterons du genre.
Cet autre, heureusement, prit mieux la pose.
Eupeodes corollae (3) (syrphe des corolles):
Par contre celui-ci, celle-ci plus exactement car son nom vernaculaire est la "syritte piaulante", ne pose pas de doute.
Syritta pipiens (3) (syritte piaulante):
Contrairement à cette autre, qui s'est invitée à la maison.
Volucella inanis (1):
Nous l'avons féminisée car son nom vernaculaire est "volucelle".
En réalité, il s'agit d'un mâle.
Nous avons penché vers l'espèce inanis car sur le cliché suivant, on aperçoit bien un cinquième tergite.
Les tergites sont les segments de l'abdomen.
L'espèce zonaria, proche de l'espèce inanis, n'en compte que quatre.
Enfin, un dernier syrphe pour la route, qui s'est posé sur l'objectif d'un de nos appareils photos.
Heureusement, nous sommes deux à prendre les photos.
Meliscaeva auricollis (3):
En conclusion de tout ceci, nous n'aimons toujours pas les mouches.
Mais nous commençons à bien aimer les syrphes.
Et, comme les syrphes sont des mouches, conséquemment, nous finirons bien par aimer les mouches dans leur ensemble.
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