D'autres abeilles sauvages
Dans un article intitulé "des abeilles sauvages en particulier", nous avons procédé à une présentation de celles-ci.
Puis nous avons regardé d'un peu plus près trois des cinq familles qui les composent.
Mais nous en avons laissé deux de côté.
Nous allons les aborder maintenant.
La première des deux familles est celle des Megachilidae.
Il s'agit de la famille d'abeilles sauvages qui présente le plus grand nombre de genres différents.
Une quinzaine au total.
Pour une centaine d'espèces environ en France métropolitaine.
Nous avons rencontré beaucoup de Megachilidae dans le jardin de Choui et Leia.
Cependant, beaucoup furent difficiles, voire impossibles à déterminer.
Osmia cornuta (1) (osmie cornue):
Les Megachilidae se différencient des autres abeilles sauvages par le fait qu'elles disposent d'une brosse ventrale.
Grâce à cette brosse, elles "récoltent" le pollen.
Megachile sp. (3):
Les différents genres de famille des Megachilidae sont regroupés en tribus.
Habituellement, nous délaissons les tribus, qui représentent, dans la taxonomie, l'étape intermédiaire entre la famille et le genre.
Quand la famille est nombreuse, il est utile de s'intéresser aux tribus.
Au sein de chacune d'entre elles, nous rencontrons des genres ressemblant entre eux.
Mais sensiblement différents des autres genres de la famille.
Prenons un exemple.
Trachusa interrupta (2) sur du lavandin:
Cela nous donne:
Ordre: Hymenoptera
Sous-ordre: Apocrita
Famille: Megachilidae
Tribu: Anthidinae
Genre: Trachusa
Espèce: interrupta
Trachusa interrupta appartient à la tribu Anthidinae, que l'on nomme anthidies en langue vernaculaire.
Commençons donc par la tribu des anthidies.
On les nomme aussi "abeilles cotonnières" ou "résinières" car elles se procurent des "poils végétaux" ou de la résine pour tapisser l'intérieur de leurs nids.
Ce sont des abeilles dont l'abdomen est le plus souvent jaune et noir, à la manière des guêpes.
Dans un cas, l'abdomen est orange et noir.
Ce qui permet d’identifier l'espèce à coup sûr.
Rhodanthidium sticticum (3):
Pour les autres, c'est plus difficile.
Rhodanthidium infuscatum (1) sur du lavandin:
Rhodanthidium septemdentatum (1) sur une sauge:
Anthidium diadema (1) sur une gaillarde:
Pour d'autres, cela confine au casse-tête chinois.
Ainsi, sommes-nous, pour l'instant, incapables de différencier celle-ci:
Anthidium florentinum (0) (anthidie florentine) sur du lavandin:
De celle-là:
Anthidium manicatum (0) (anthidie à manchettes) sur du lavandin encore:
Du coup, nous devrions conclure ceci:
Anthidium sp. (3) sur du lavandin toujours:
Ce qui est frustrant.
Le code (0) se transforme en code (3), mais, du coup, l'espèce reste indéterminée.
Ces espèces sont assez grosses.
Elles mesurent entre 15 et 20 mm.
D'autres espèces d'anthidies sont plus petites.
Anthidiellum strigatum (2) sur un weigelia:
Certaines espèces, morphologiquement proches de la précédente, appartiennent à un autre genre de la famille des Megachilidae.
A la différence des précédentes, ce sont des abeilles "coucou".
C'est-à-dire des abeilles sauvages pondant dans le nid d'autres abeilles sauvages.
Stelis signata (2) sur de l'eupatoire:
Stelis annulata (1) sur un caryopteris:
Chez les Megachilidae, on rencontre aussi la tribu Megachilini. C'est au sein de cette tribu que l'on rencontre les mégachiles proprement dites (genre: Megachile).
En gros, en français, les mégachiles sont un genre qui fait partie de la tribu des mégachiles, qui appartient à la famille des mégachiles.
Il est facile de conclure que ce genre est le plus représentatif de la famille.
Les mégachiles sont des abeilles coupeuses de feuilles.
On voit leurs "traces" sous notre tonnelle.
Elles ne mangent pas les feuilles.
Elles les utilisent pour construire leurs nids.
Leur travail est étonnant de précision.
Ne s'attaquant jamais aux nervures centrales, les mégachiles ne mettent pas le végétal en danger.
Chez les mégachiles proprement dites, la brosse ventrale est particulièrement visible.
Megachile centuncularis (1) (mégachile du rosier) sur un œillet d'inde:
D'autant plus visible qu'elle est chargée en pollen.
Megachile ericetorum (1) (mégachile de la gesse) sur une lavatère:
Lorsqu'elles butinent, les mégachiles adoptent souvent une allure "cambrée".
Megachile albisecta (1) sur de l'eupatoire:
Ceci permet, entre autres, de deviner que l'on a affaire à une mégachile.
Mais de là à trouver l'espèce, c'est une autre histoire.
Megachile sp. (3) sur du lavandin:
Les abeilles sauvages du genre Megachile disposent de deux cellules submarginales sur leurs ailles.
Megachile apicalis (1) sur un bouquet d'asters:
Il s'agit d'un élément important, mais qui ne sert à rien pour déterminer l'espèce ni même le genre.
Megachile sp. (3) sur un œillet d'inde:
Car tous les membres de la famille ne disposent que de deux cellules submarginales.
Très franchement, un débutant est dans l'impossibilité de faire la différence entre celle-ci.
Megachile albisecta (0) sur un cosmos:
Ou celle-là, car il pourrait tout aussi bien s'agir de Osmia coerulescens (0) (ici sur un aster):
Les autres éléments de détermination sont très complexes.
Et peu accessibles au débutant.
Il faut se fier à l'habitus.
C'est-à-dire une impression générale.
Les mégachiles présentent souvent des "reflets" au niveau de leurs yeux.
Ainsi qu'un clypeus "poilu", qui arbore quelque chose qui ressemble à une "moustache".
Le clypeus est la partie inférieure du "visage" des abeilles, situé juste au dessus du labre.
Megachile ericetorum (0):
Mais tout ceci n'est guère contributif.
En fait, beaucoup de mégachiles sont impossibles à déterminer sur photos.
Nous devrions nous contenter, dans la plupart des cas, de laisser l'espèce en suspens.
Megachile sp. (3) sur un bouquet d'asters:
C'est frustrant, mais c'est comme çà.
Heureusement, comme souvent, quelques rares espèces sont très reconnaissables.
Megachile sculpturalis (3):
Megachile octosignata (3) sur un cosmos sulfureux:
Mais elles ne sont pas pléthore.
Il existe un autre genre dans la tribu des Megachilini.
Il s'agit du genre Coelioxys.
L'allure générale est assez différente du Genre Megachile pour qu'on puisse les différencier.
Comme les Stelis, les Coelioxys sont des abeilles-coucou.
Coelioxys argentea (2) (célioxe argentée):
Il existe d'autres tribus dans la famille des Megachilidae.
L'une des plus connue est la tribu Osminii, avec le genre Osmia.
Contrairement aux mégachiles, les osmies ne découpent pas les feuilles.
Elle utilisent différentes cavités pour construire leurs nids.
Elles y aménagent plusieurs cellules avec de la pâte de végétaux mâchée.
Hélas, les osmies ressemblent beaucoup aux mégachiles.
Et se ressemblent entre elles.
Ce qui complique encore et toujours le problème de l'identification pour un débutant.
Osmia rufa (1) sur du romarin:
Elles sont, en général, un peu plus poilue.
Ce qui n'est pas un critère extraordinaire en soi.
Osmia aurulenta (1) sur une fleur de pommier:
Et aucune osmie n'est particulièrement caractéristique.
Lorsqu'il "tanque" complètement, l'entomologiste chevronné fait appel à "l'habitus" (cf. plus haut).
C'est-à-dire l'allure générale, l'impression première, le flair...
Lorsque l'entomologiste est débutant, il a aussi le droit d'utiliser "l'habitus".
A une seule réserve près: celle qu'un entomologiste chevronné ne tombe pas sur son blog.
Sinon l'entomologiste débutant passe pour un con.
Osmia bicornis (1) (osmie rousse) sur une véronique:
On peut facilement en conclure qu'il est très difficile de déterminer une osmie.
Osmia tricornis (1):
Osmia leaiana (1):
A côté du genre Osmia, la tribu Osminii compte aussi le genre Hoplitis.
Les Hoplitis étaient avant rangées dans le genre Osmia.
De fait, elles ressemblent aux osmies.
Sinon ce serait trop facile.
Quelques espèces sont évidentes.
Hoplitis andrenoides (3):
D'autres beaucoup moins.
Hoplitis claviventris (1):
Hoplitis tridentata (1):
Souvent, un détail nous sauve.
Parfois morphologique.
Hoplitis adunca (2) (osmie de la vipérine):
Parfois le type de fleur butinée est un indice.
Hoplitis cristatula (2) sur une mauve sauvage:
Pour compliquer un peu plus le problème, il existe une sous-famille qui entre dans la famille des Megachilidae.
Il s'agit de la sous-famille Lithurginae.
A différencier de la sous-famille Megachilinae, à laquelle appartiennent toues les espèces pré-citées.
Lithurgus chrysurus (2) sur du lavandin:
Lithurgus cornutus (2), toujours sur du lavandin:
Enfin, il existe encore d'autres genres de mégachiles.
Qui nous confrontent à de nouvelles difficultés.
Les trois suivantes, au premier coup d’œil, ne se ressemblent-elles pas?
Chelostoma rapunculi (1) (chélostome raiponce) sur une sauge:
Heriades truncorum (1) sur une crupine:
Stelis punctalissima (1) (stélis ponctué):
La première appartient à la tribu Osminii, la seconde aussi, la troisième appartient à la tribu Anthidinae.
Il existe environ 100 espèces de mégachiles en France.
Nous n'en sommes donc qu'au début et nous allons encore trébucher souvent avant de parvenir à les identifier.
(droits réservés)
Mais il ne faut surtout pas désespérer.
Petit à petit, nous progressons, à notre rythme.
Quelques années en arrière à peine, nous n'y connaissions strictement que dalle.
Nous ne savions même pas que les mégachiles existaient.
Les Andrenidae représentent la dernière famille d'abeilles solitaires que nous n'avons pas encore abordée.
On les nomme aussi "abeilles de terre", parce qu'elles nichent dans la terre.
Ce sont peut-être celles qui posent le plus de problèmes à l'amateur.
Les reconnaître en tant que telles n'est déjà pas très aisé.
Cependant, nous rencontrons obligatoirement des andrènes dans nos jardins.
Contrairement aux osmies et aux mégachiles, le genre Andrena dispose de trois cellules sub-cubitales.
Andrena bicolorata (1) (andrène bicolore) sur un pissenlit:
Quelques espèces d'andrènes sont caractéristiques.
Andrena labiata (2) sur de l'eupatoire:
Andrena thoracica (2):
Mais, la plupart du temps, distinguer les andrènes entre elles représente un vrai casse-tête chinois.
Andrena flavipes (1) (andrène à pattes jaunes) sur de l'hélichryse italienne:
Ces déterminations reposent sur des impressions.
Mais sur aucun critère objectif.
En fait, les andrènes, à quelques exceptions près, sont inaccessibles au débutant.
Andrena dorsata (0):
Andrena nigroaenea (0) (andrène noire-bronze):
Andrena humilis (0) sur un salsifis sauvage:
Andrena angustior (0):
Dans tous les exemples précédents, nous devrions nous contenter de les nommer Andrena sp.
Cependant, chacune d'entre elles ressemble à l'espèce signalée.
Mais le code (0) rappelle qu'il ne s'agit que d'une probabilité.
Les andrènes, heureusement, ne comportent que deux genres: Andrena et Panurgus.
Une photo traîna longtemps dans nos fichiers d'indéterminés jusqu'à ce que:
Après recherche, nous avons penché pour Panurgus dentipes (très petite) (0):
En fait, nous avons mis complètement à côté de la plaque.
Il s'agissait d'un membre de la famille des Crabronidae.
Probablement Crossocerus sp. (1).
L'insecte suivant est plus probablement un Panurgus.
Panurgus sp. (2) sur une marguerite:
Contrairement aux autres andrènes, le genre Panurgus ne dispose que de deux cellules sub-cubitales.
Comment conclure tout cela?
Les abeilles sauvages sont très nombreuses.
Et très utiles.
Nous en rencontrons obligatoirement dans nos jardins si nous n'utilisons pas de pesticides et autres merdes chimiques.
Reconnaître les familles entre elles est possible pour le débutant.
Pour les genres c'est un peu plus ardu mais faisable.
Pour la plupart des espèces, c'est quasiment impossible, et nous devons nous contenter d'approximations.
Peu importe, en fin de compte.
Pendant des années nous n'y faisions même pas fait attention.
Car ce sont des insectes souvent assez petits.
Aujourd'hui, si nous ne savons pas toujours les reconnaître, nous savons au moins les voir.
L'essentiel étant qu'elles soient là.
Lorsqu'elles n'y seront plus, sans doute n'y serons plus nous-mêmes.
Donc, espérons que nous les verrons encore longtemps.
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