Sauterelles, une histoire
En anglais, sauterelle se traduit par "grasshopper".
De ce point de vue, étymologiquement, anglais et français tombent d'accord, ce qui n'est pas fréquent.
Les sauterelles sont des insectes qui sautent.
Elles disposent à cet effet de puissants fémurs.
Pholidoptera femorata (3) (pholidoptère précoce):
Les premières sauterelles sont un peu moins anciennes que les libellules (cf. l'article intitulé "les libellules, une histoire").
Les plus vieux spécimens connus remontent à environ 150 millions d'années:
(droits réservés)
Ce qui nous situe dans le Jurassique, période de l'ère secondaire extrêmement connue à cause des dinosaures, et grâce à Stephen Spielberg.
Dans l'histoire des hommes, les sauterelles occupent une place importante.
Et catastrophique.
Les nuages de sauterelles (de criquets en réalité) font, en effet, partie des sept plaies infligées par Yahweh à l’Égypte (A l'époque, on ne déconnait pas avec la religion).
De fait, les hordes de locustes (criquets pèlerins) restent un fléau redouté.
En Afrique, elles peuvent s’abattre sur les cultures et tout ravager.
Dans le jardin de Choui et Leia, nous rencontrons parfois une espèce proche du criquet pèlerin.
Locusta cinerascens (3) (criquet cendré):
Mais, heureusement pour nous, il ne se passe rien.
En héraldique, on retrouve la sauterelle sur certains blasons.
Celui de la commune de Llagosta, en Catalogne:
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Celui de la famille Dussault de Bayonne:
(droits réservés)
Il est probable que, dans ces cas, l'on n'ait pas choisi l'insecte à cause de sa mauvaise réputation.
Mais plutôt pour sa connotation "évangélique".
La sauterelle est, en effet, la nourriture de Saint Jean-Baptiste.
Jean le baptiste, qui vivait dans le désert, se nourrissait, dit-on, de miel sauvage et de sauterelles.
De nos jours, les sauterelles reviennent dans les assiettes.
Elles sont couramment consommées, au Mexique, en Ouganda...
Pourquoi pas, après tout?
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Ce n'est pas pire que cela:
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Le criquet le plus connu de tous reste sans doute le compagnon du Pinocchio de Collodi.
La figure que l'on connait de lui est surtout celle de Disney:
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Les sauterelles et criquets ont donc acquis un peu de notoriété dans l'histoire des hommes.
Ils font partie de l'imaginaire collectif.
Bien qu'ils bénéficient d'une réputation mitigée, ils méritent d'être connus car ce sont des insectes assez fascinants.
Comme leur nom l'indique, toutes les sauterelles (et criquets) sautent.
Aiolopus puissanti (3) (aïolope élancé):
Mais tous ne volent pas.
Tylopsis lilifolia (3) (phanéroptère liliacé):
Certaines espèces, en effet, ne disposent pas d'ailes.
Les insectes qui ne disposent pas d'ailes sont appelés "aptères".
Eupholidoptera chabrieri (3) (pholidoptère splendide):
La plupart des sauterelles sont végétariennes, c'est-à-dire phytophages.
A cause de leur régime alimentaire, elles ont été antérieurement classées parmi les insectes nuisibles:
Comme nous l'avons signalé dans d'autres articles, la distinction entre insectes utiles et nuisibles ne signifie absolument rien.
Elle était établie selon des critères strictement anthropomorphiques tombés depuis longtemps en désuétude.
Malgré leur taille relativement grande, les orthoptères sont sont prédatés.
Par les oiseaux, mais aussi par d'autres arthropodes.
En particulier par celle-ci.
Argiope bruennichii (3) (argiope fasciée):
Les sauterelles et criquets sont beaucoup moins exhibitionnistes que les libellules.
Plutôt que de se livrer en public à des coïts frénétiques...
Sympetrum striolatum (2) (sympétrum fascié):
...elles préfèrent les ballades en amoureux.
Aiolopus puissanti (3):
Une autre particularité: les sauterelles chantent.
Les sauterelles proprement dites s'expriment en frottant leurs ailes antérieures l'une contre l'autre.
L'une des ailes possède une râpe stridulatoire qui vient glisser sur l'archet de l'autre.
Quant aux criquets, ils frottent les fémurs de leurs pattes postérieures sur les tegmina.
Les tegmina (du latin tegmen, pluriel tegmina) correspondent aux ailes antérieures qui sont épaissies.
Elles protègent les ailes postérieures, plus vulnérables.
Tegmen, en latin, signifie "ce qui couvre".
Nous entendons le chant des sauterelles et des criquets.
Logiquement puisque nous possédons des oreilles.
Les insectes, eux, n'ont pas d'oreilles.
Se pourrait-il que ce chant ne s'adresse qu'à nous?
Encore une dérive anthropomorphique...
En réalité, si les orthoptères n'ont pas d'oreilles, ils possèdent des tympans.
Ceux-ci sont situés sur les pattes antérieures chez les sauterelles, et sur l'abdomen chez les criquets.
Les orthoptères sifflent bel et bien pour être "entendus" de leurs congénères.
Soit pour attirer les femelles, soit pour délimiter leur territoire.
Ils ne sifflent donc pas "pour nous", mais bel et bien "comme nous".
(droits réservés)
Si vous ne vous intéressez pas du tout aux insectes, vous pouvez, malgré tout, être tentés par la photographie des sauterelles.
Elles permettent de réaliser facilement quelques beaux clichés.
Tettigonia viridissima (3) (grande sauterelle verte):
Aiolopus puissanti (3) (aïolope élancé):
Leur identification n'est pas toujours facile (cf. article "le cauchemar de l'entomologiste débutant").
Elle est cependant beaucoup plus facile que celle de certains diptères ou hyménoptères.
Enfin, les orthoptères disposent d'une spécificité qui les différencie d'autres familles d'insectes.
Ils sont paurométaboles.
Normalement, un insecte passe de la forme larvaire à la forme adulte en une seule fois (amétaboles).
Les orthoptères passent d'une forme larvaire à l'autre par mues successives (paurométaboles).
Ils "grandissent".
Voici, par exemple, plusieurs phases du criquet pansu.
Pezotettix giornae (3) (criquet pansu):
Pezotettix giornae (3) (criquet pansu):
Pezotettix giornae (3) (criquet pansu):
Ainsi de suite...
Mais, au bout du compte, cela finit toujours de la même façon.
Pezotettix giornae (3) (criquet pansu "in copula"):
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