LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

Une mare dans le jardin

En limite de notre jardin, il existe une parcelle non constructible, que nous avons racheté il y a quelques années à une voisine.

Sur cette parcelle, la voisine avait mis quelques moutons, dont nous nous occupons maintenant.

 

Brebis 2.JPG

La parcelle est grande d'environ 4000 m2, et la présence des moutons fait qu'elle est aussi lisse qu'un terrain de football.

Car ces derniers, à l'exception des chardons, mangent évidemment tout ce qui est à leur portée.

 

Bélier.JPG

 

Une partie du terrain est inondable en cas de grosses intempéries.

De fait, il sera pour toujours inconstructible.

Le sous-sol étant rempli de lauzes, celles-ci imperméabilisent le sol et rendent l'infiltration difficile.

Le terme "lauze" a plusieurs significations.

Il désigne en général des pierres plates, employées dans certaines régions pour les toitures.

Les lauzes peuvent être aussi bien des roches sédimentaires que des roches métamorphiques.

Le terme "lauze" peut aussi être employé pour qualifier un terrain maigre et pierreux.

 

Dans notre coin, les lauzes sont des galets siliceux et/ou endogènes, qui correspondent à la troisième nappe caillouteuse de la Crau (Crau de Miramas).

Les différentes "Crau" ont été constituées au fil du temps par les changements successifs du lit de la Durance qui, avant d'être un affluent du Rhône, se jetait dans la Méditerranée.

Nous habitons à Grans, commune située dans la Crau de Miramas.

 

Certaines lauzes affleurent, mais la plupart sont enfouies à une faible profondeur (entre 50 centimètres et un mètre).

 

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Les lauzes sont des pierres relativement plates, qui servaient aux bergers à fabriquer des murets pour enclore leurs parcelles.

Nombreux sont ces murets alentour.

Il en est un chez nous, de quelques dizaines de mètres de long, mais qui fut certainement reconstitué.

 

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Lorsque la parcelle était située assez loin de l'habitation principale, les bergers de la Crau utilisaient les lauzes pour construire des cabanes appelées "bories".

Lesquelles pouvaient servir de granges ou d'habitations temporaires.

La plupart des bories ont été construites entre le milieu du XVIII° et le milieu du XIX°.

Nous avons la chance d'en avoir une dans le jardin de Choui et Leia.

 

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Ici, le détail du linteau:

 

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De fait, les bories et l'utilisation des lauzes par les bergers peuvent donner des idées pour "construire" d’autres éléments, puisque l'on dispose du matériau.

Ici un banc de pierre qui, lui, date bien du XXI° siècle:

 

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Dans la Crau de Miramas (communes de Miramas, Grans, Cornillon, Salon...) l'épaisseur des alluvions est assez conséquente (15 à 30 m) et forme une couche presque imperméable.

Immédiatement en dessous, la nappe phréatique est importante, et peu profonde.

Nous disposons de deux forages, l'un à 20 m, et l'autre à 35 m de profondeur, qui donnent en permanence.

Heureusement pour nous d’ailleurs, car c'est la seule eau dont nous disposons.

 

A cause de tout cela, certaines zones alentour sont inondables.

Environ une fois tous les trois ans, 1000 m2 de notre parcelle se retrouvent plus ou moins sous l'eau.

C'est à cause de cela que nous avons décidé de creuser une mare d'environ cinq mètres de diamètre pour un mètre cinquante de profondeur.

Dans le fond de la mare: des lauzes.

Sur les côtés, encore des lauzes, pour la stabiliser.

 

Après quelques mois d'existence, notre mare, protégée des moutons par un grillage, ressemblait, au milieu de l'automne (2016), à ceci:

 

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Le tuyau vert sert à l'alimenter en eau car, malgré les lauzes, elle n'est pas encore complètement "imperméable", et nécessite un filet d'eau pour conserver son niveau.

Si l'on s'approche, elle ressemble à ceci:

 

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Au début, beaucoup d'algues étaient présentes.

Elles signalent un excès d'azote, et le fait que les plantes aquatiques n'ont pas occupé encore suffisamment d'espace pour priver les algues de leurs nutriments.

Cela finit par s'arranger avec le développement des prèles, nénuphars et joncs.

 

A l'origine, c'est bel et bien dans l’idée de nous protéger des relatives inondations que nous avons créé notre mare.

Évidemment, la nature ne s'en est pas tenu là.

Très vite, les grenouilles vertes se sont approprié l'espace aquatique à leur disposition, et se sont mises à pulluler.

Pelophylax sp. (3):

 

ANURA RANIDAE Pelophylax sp. 1 (grenouille verte).JPG

 

ANURA RANIDAE Pelophylax sp. 3 (grenouille verte).JPG

 

La mare sert aussi d'abreuvoir à de nombreuses espèces d'insectes.

Les frelons européens y viennent fréquemment:

Vespa crabro (3):

 

VESPIDAE Vespa crabro 3 (frelon d'Europe).JPG

 

De même que les abeilles domestiques du coin, lesquelles ne semblent aucunement gêner les grenouilles (et vice versa).

 

ANURA RANIDAE Pelophylax sp. 2 (grenouille verte).JPG

 

Occasionnellement, on peut apercevoir alentour un lézard des murailles.

Podarcis muralis (3):

 

SQUAMATA LACERTIDAE Podarcis muralis 2 (lézard des murailles).JPG

 

Un sphégien, que nous avons rencontré régulièrement, semble avoir élu domicile sur les berges.

Sceliphron caementarium (3) (guêpe maçonne):

 

SPHECIDAE Sceliphron caementarium 2.JPG

 

Sans doute parce que de nombreuses araignées vivent à proximité immédiate.

Pardosa amentata (2) (araignée-loup):

 

LYCOSIDAE Pardosa amentata 1.JPG

 

Les lycoses (araignée-loup) sont de très petites araignées, parfaitement inoffensives.

Ce sont des prédateurs.

Mais elles sont aussi prédatées elles-mêmes. En particulier par les sphégiens.

Et aussi, surtout, par les pompiles.

Episyron albonotatum (2):

 

POMPILIIDAE Episyron albonotatum 2.JPG
 

Un jour, nous avons aperçu dans la mare une drôle de bestiole de 10 centimètres de longueur.

Elle nous fit douter de nos capacités neurologiques centrales, au point de craindre l'hallucination.

 

BRACHIOPODA TRIOPSIDAE Lepidurus apus 1 (triops).JPG

 

Bien que nuls en entomologie, nous nous doutions bien qu'il ne s'agissait pas là d'un insecte.

Celui-ci aurait été d'une taille considérable.

De quoi revenir vers nos pires cauchemars d'enfants.

 

insectes-enormes.jpg

(droits réservés)

 

017-a7.jpg

(droits réservés)

 

Il fallut chercher pas mal sur le net pour découvrir qu'il s'agissait d'un crustacé d'eau douce, probablement Lepidurus apus.

Un triops!

Une espèce fossile qui n'a plus évolué depuis 200 millions d'années!

Dans notre mare!

Évidemment, il s'est rapidement calté sous les algues, ne nous permettant que deux clichés assez médiocres, et nous ne l'avons plus jamais revu.

Au moins étions-nous assuré de la bonne qualité de notre eau.

 

En conclusion, nous ne pouvons que conseiller à tout le monde de creuser une mare dans son jardin.

Très vite, vous serez surpris.

Si vous n'avez pas beaucoup d'espace, une petite mare conviendra.

S'il n'y a pas de lauzes chez vous, une bâche type "liner" suffira à imperméabiliser le fond.

 

Au début, c'est un peu le bordel.

Il faut enlever les algues:

 

IMGP3462.JPG

 

Mais très vite l'équilibre se fait.

Grâce aux plantes diverses du bassin:

 

IMGP3461.JPG

 

Et vous aurez le plaisir d'observer ceci:

Anax imperator (3) (femelle anax empereur en train de pondre)

 

AESHNIDAE Anax imperator 6.JPG

 

Ou ceci.

Chalcolestes viridis (3) (lestes verts en train de copuler):

 

LESTIDAE Chalcolestes viridis 12.JPG

 

Ou encore cela:

Pelophylax sp. (3) (grenouille verte):

 

ANURA RANIDAE Pelophylax sp. 5.JPG

 

Pensez-y!

Quelques mètres carrés suffisent.

 

 

 

 

 



25/10/2016
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