Impossibles à photographier
Faire un article dans ce blog consiste, avant tout, à montrer des photos.
Et, si possible, des photos assez réussies.
Malgré cela, nous publions encore beaucoup de photos médiocres.
Asiraca clavicornis (3) (delphacide à cornes):
Bien que nous possédions un meilleur matériel qu'au début.
Et que nous parvenons un peu mieux à l'utiliser.
Euscelis incisus (2):
En général, nous ne publions de photos médiocres que quand nous n'avons rencontré l'insecte qu'une seule fois.
Comme les insectes ne prennent pas la pose, lorsque la photo est ratée, c'est foutu.
C'est très frustrant, mais c'est comme çà.
Il ne reste plus qu'à espérer rencontrer la bestiole à nouveau.
Cet article concerne exclusivement les homoptères.
Ce sont des insectes particulièrement difficiles à photographier.
Parce qu'ils sont très petits.
Ou très bien cachés.
Voire les deux.
Cicadella viridis (3) (cicadelle verte):
De fait, l'article présent va proposer des photos, pour l'ensemble, qui ne seront pas terribles.
Voici, par exemple, l'une des pires photos que nous ayons réalisé pour le blog.
Tettigrometra impressopuncta (1):
Le plus extraordinaire, c'est que nous ayons eu le culot, à partir d'un tel cliché, de proposer une détermination.
Evidemment, depuis qu'elle fut réalisée, nous n'avons plus jamais rencontré l'insecte concerné.
A part le fait qu'ils soient difficiles à photographier, que sont donc les homoptères?
Ils représentent un sous-ordre de l'ordre des hémiptères, qui compte un deuxième sous-ordre, celui des hétéroptères.
Grosso modo, les hémiptères sont des insectes disposant d'un rostre.
Donc des insectes "suceurs".
La plupart d'entre eux sucent la sève des végétaux.
Les hétéroptères sont les punaises.
Les homoptères sont, pour l'essentiel, les cicadelles, les cigales et les pucerons.
Commençons par les cicadelles.
Dans le sous-ordre des homoptères, il existe une famille nommée les Cicadellidae.
Ce sont les cicadelles "vraies".
Les cicadelles "vraies" mesurent rarement plus de 5 millimètres.
Anoplotettyx fuscovenosus (3):
Souvent posées sur des feuilles, on les devine à peine.
La suivante s'est fait tatouer le logo "Biohazard" sur le front.
Eupteryx stachydearum (3):
Celle qui suit, qui mesure environ 4 millimètres, semble parasitée par un acarien infra-millimétrique.
Penthimia nigra (3):
Voici la même, encore plus petite, un peu différente car il s'agit d'une forme juvénile.
Penthimia nigra (3):
Il n'existe pas de "grandes cicadelles".
En général, leur taille est située aux alentours de 5 mm.
Jamais plus d'un centimètre.
Synophropsis lauri (2):
C'est à cause de cela qu'on ne les voit pas ou peu.
Mais elles sont obligatoirement présentes dans vos jardins.
Probablement en grand nombre.
Idiocerus stigmaticalis (1):
Par ailleurs, il existe en France plusieurs centaines d'espèces de cicadelles.
Et beaucoup se ressemblent entre elles.
Ce sont donc des insectes souvent difficiles à déterminer.
Fieberiella florii (1):
Par contre, lorsque l'on en rencontre une, il est facile de comprendre que l'on a affaire à une cicadelle.
Grosso modo, une cicadelle ressemble à une petite cigale.
Phlogotettix cyclops (3):
Les cicadelles sont l'exemple type des insectes nuisibles.
En effet, elles sucent la sève des végétaux, donc elles sont réputées dangereuses.
Empoasca vitis (2) (cicadelle verte de la vigne):
En fait, nous avons beau tourner et virer, dans notre jardin, dans lequel nous ne traitons jamais rien, il ne se passe rien.
Le problème n'est pas lié au comportement alimentaire des cicadelles.
Par contre, certaines d'entre, parfois, sont vectrices de maladies virales.
Lesquelles, pour le coup, peuvent tuer la plante hôte.
Mais cela n'est pas très fréquent.
En réalité, cela ne présente un danger que pour la monoculture.
Donc, ne vous souciez pas des cicadelles.
Essayez éventuellement de les photographier.
Euscelidius variegatus (1):
Si vous êtes plus doués que nous, vous parviendrez peut-être à réaliser de très beaux clichés.
Nous l'avons déjà signalé, les cicadelles "vraies" ressemblent, en gros, à de petites cigales.
Les autres familles de cicadelles ("fausses" cicadelles) ressemblent parfois aussi aux cigales.
Par exemple celle des Cixiidae.
Cixius nervosus (2):
La famille des Aphrophoridae est assez proche de celle des Cicadellidae.
Lepyronia coleoptrata (3):
Aphrophora alni (2):
Philaenus spumarius (3) (cicadelle écumeuse):
D'autres familles ressemblent un peu à tout et à rien.
Les cercopes sont souvent très colorés.
Cercopis vulnerata (3) (cercope sanguin):
Cercopis intermedia (3):
Les autres familles présentent des morphologies variées.
Celle des Homotomidae.
Homotoma ficus (3):
Celle des Delphacidae, dont un membre a déjà été présenté en début d'article.
Asiraca clavicornis (3):
Parfois les morphologies sont assez bizarres, comme les Issidae.
Issus coleoptratus (3) (cigale bossue):
Voire carrément très bizarres, comme les Membracidae.
Centrotus cornutus (3) (demi-diable):
Stictocephala bisonia (3) (cicadelle bison):
L'une de ces "fausses" cicadelles les plus connues est le fulgore d'Europe.
Il présente une allure très sympathique.
Il appartient à la famille des Dictyopharidae.
Dictyophara europea (3) (fulgore d'Europe):
Malheureusement pour lui, certains agrions en sont friands.
Chalcolestes viridis (3) (leste vert):
Une autre cicadelle connut son heure de gloire, la fameuse cicadelle blanche.
Celle-ci, introduite à partir des États-Unis dans les années 80, a rapidement colonisé le sud de la France.
Elle appartient à la famille des Flatidae.
L'on nous promettait, à cause d'elle (il s'agit d'un insecte polyphage) un désastre écologique qui ne s'est pas produit.
Comme souvent, nous abordons l'écologie par le petit bout de la lorgnette et nous nous polarisons sur des phénomènes mineurs.
Les vrais désastres en cours sont passés sous silence.
Certes, la cicadelle blanche nuit au développement de certaines cultures.
Mais les apiculteurs se réjouissent de sa présence car elle exsude un miellat qui attire les abeilles, lesquelles le transforme en miel.
Metcalfa pruinosa (3) (cicadelle blanche):
En Provence, à côté des cicadelles, on rencontre une espèce d'homoptère qui est devenue un symbole de la région: la cigale (famille: Cicadidae).
En fait il en existe plusieurs.
La plus fréquente est la cigale de l'orne.
Cicada orni (3) (cigale de l'orne):
On l'entend aisément, mais elle n'est pas facile à voir.
Il faut la repérer à l'oreille.
Puis s'approcher.
Alors, elle cesse de chanter.
Il suffit de rester un instant immobile, et elle rechante.
On peut ensuite essayer de la repérer, mais ce n'est pas si simple, car sa couleur se confond avec l'écorce des arbres.
Et elle est souvent haut située.
Cicada orni (3) (Où est Charlie?):
Bien évidemment, elle n'est pas spécifique de l'orne, celui-ci étant d'ailleurs un arbre peu répandu dans les Bouches-du-Rhône.
La cigale de l'orne s'adapte à toutes sortes d'arbres.
La précédente était posée sur un noyer.
En voici une autre sur un érable:
Il existe d'autres espèces de cigales.
La plupart sont assez rares.
A l'exception de la cigale commune, que l'on rencontre assez souvent.
Lyrites plebejus (3) (cigale commune):
Contrairement à ce que son nom vernaculaire laisse supposer, Lyrites plebejus est moins commune que Cicada orni.
Les cigales ont bonne réputation.
Elles commencent à chanter lorsque la température dépasse 28 degrés.
Elles sont donc nos compagnes de l'été.
Notez que l'on parle toujours d'elles au féminin quand ce sont les mâles qui "chantent".
Les modernisateurs de la fable "La cigale et la fourmi" l'ont compris.
(droits réservés)
Nous aimons bien les cigales, pourtant, elles devraient être mal considérées.
Car elles sucent, comme les autres homoptères, la sève des arbres.
Ce sont des insectes nuisibles.
Ceci n'a, bien sûr, aucun sens.
Les cigales ne sont ni bonnes ni mauvaises; ce sont simplement des cigales.
Les aleurodes font aussi parti des homoptères.
Aleyrodes proletela (2):
Comme les cicadelles blanches, ce sont des insectes polyphages qui ont très mauvaise réputation.
Cette réputation est-elle usurpée?
Nous sommes en droit de le penser.
Car, encore une fois, dans notre jardin qui n'est pas traité, il y a des aleurodes.
Et nous ne constatons rien de particulier.
A côté des cigales et cicadelles diverses, nous nous sommes un peu intéressés aux pucerons.
La plupart appartiennent à la famille des Aphididae.
Aphis confusa (1):
Certains peuvent se reconnaitre assez facilement.
Macrosiphum rosae (3) (puceron du rosier):
Myzus cerasi (2) (puceron du cerisier):
Mais, pour la plupart, nos identifications restent incertaines.
Metopolophium dirhodum (1):
Brachycaudus cardui (1):
Globalement, les pucerons sont si nombreux, si petits, et si polymorphes (adultes ailés, adultes aptères, formes larvaires...) qu'ils échappent largement au champ d'investigation d'un entomologiste amateur.
Évidemment, l'on serait en droit de considérer les pucerons comme des insectes nuisibles.
Comme tous les homoptères, ils sucent la sève des plantes, affaiblissent les végétaux.
Ils transmettent un certain nombre de maladies virales, ou bactériennes.
Bref, ils nous emmerdent.
En réalité, les pucerons ne sont devenus dangereux pour les cultures qu'à cause de l'incurie des hommes.
La généralisation des monocultures est une des causes de leur prolifération.
Et, bien sûr, l'usage intensif des pesticides et insecticides divers a considérablement affaibli les populations de leurs prédateurs.
Du fait de leur biomasse importante, les pucerons représentent une source alimentaire conséquente pour de nombreux animaux.
Les fauvettes nourrissent leur progéniture de pucerons.
En particulier les fauvettes mélanocéphales, qui sont fréquentes de part chez nous.
Sylvia melanocephala (3):
Les coccinelles, évidemment, s'en repaissent.
Coccinella septumpunctata (3):
De nombreux autres insectes sont aussi prédateurs des pucerons.
Les fourmis en particulier.
Mais elles ne mangent que les pucerons qui ne produisent pas de miellat.
Ceux qui en produisent, elles les protègent, car elles se nourrissent du miellat en question.
Tapinoma nigerrinum (1):
On dit parfois que les fourmis élèvent des pucerons.
Bref, le mieux que nous ayons à faire concernant les pucerons, c'est de ne rien faire.
Sinon, nous entrons dans des cercles vicieux sans fin.
Respectez l'avifaune, ne tuez pas les insectes prédateurs, plantez des espèces végétales nombreuses et variées, et votre jardin s'en sortira très bien.
Même vos rosiers.
Qu'ils soient rustiques.
Ou un peu moins.
Quant à l'agriculture, elle ferait mieux d'envisager des méthodes de lutte biologique:
(droits réservés)
Plutôt que de s'acharner avec des méthodes industrielles qui ruinent la planète, et conditionnent une fuite en avant dont on devine, hélas, qu'elle nous pousse vers le précipice.
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