Faisons un dernier point!
A partir de quand un entomologiste amateur a-t-il fait le tour du sujet?
A partir de quand ne rencontre-t-il plus d'espèces nouvelles?
En zone tropicale, la réponse est facile: jamais!
Mais qu'en est-il de celui qui, comme nous, est concentré sur un seul jardin situé en zone tempérée?
La question, évidemment, n'a pas de sens.
L'espace de notre vie humaine n'est pas infini.
Les insectes sont nombreux, très nombreux.
Assez nombreux?
Trop nombreux?
Pas assez nombreux?
Après les coléoptères et les hyménoptères, l'ordre d'insectes le plus nombreux est représenté par les diptères.
Anthomyia pluvialis (3) (mouche de la pluie):
6500 espèces en France, réparties en 120 familles.
Parmi les familles les plus nombreuses, il y a les syrphes avec environ 80 genres.
Chrysotoxum intermedium (3):
Et les mouches "vraies" (Muscidae) avec une quarantaine de genres.
Phaonia rufiventris (2):
Les syrphes, auxquels nous avons consacré un article spécifique, sont nos mouches préférées.
Car, non seulement ils sont souvent esthétiques (selon des critères strictement anthropomorphiques).
Mais on peut les différencier entre eux.
Volucella inflata (3) (volucelle enflée):
Volucella zonaria (3) (volucelle zonée):
Ce qui est loin d'être le cas pour les représentants de la plupart des familles de diptères.
Prenons l'exemple des Anthomyiidae.
Il s'agit d'une famille de mouches en général assez petites.
Voisines des Muscidae.
La première photo de cet article présente l'une des anthomyies les plus connues.
Et des plus faciles à déterminer.
En voici d'autres.
Botalina fugax (1):
Delia radicum (1):
Lasiomma seminitidum (1):
Hydrophoria lancifer (1):
Les anthomyies sont très fréquentes.
Vous ne les remarquez pas car elles sont petites.
Voire très petites.
Mais il y en a forcément plein dans vos jardins.
Il suffit de regarder ces quelques photos pour comprendre qu'un débutant n'a aucune chance de les reconnaître entre elles.
Et les codes que nous avons attribués (cf. article "entomologie pour les nuls") pour deviner nos incertitudes.
Il ne s'agit que d'un exemple.
Il y a bien d'autres familles de mouches difficiles.
Les taons (Tabanidae).
Tabanus bromus (2) (taon des bromes):
Les "mouches à longues pattes" (Dolichopodidae).
Sciapus platypterus (1):
Dolichopus reflectus (1):
Les thérévides (Therevidae).
Thereva aurata (1) (thérève dorée):
Les sarcophagides (Sarcophagidae).
Brachicoma devia (1):
Les Lauxaniidae.
Sapromyza quadripunctata (3):
Les tachinaires (Tachinidae)
Mintho rufiventris (2):
Kyrbia morens (1):
Nous avons choisi, dans ces cas, des espèces dont la plupart ne sont pas certaines, loin s'en faut.
Même les genres sont parfois douteux.
C'est tout le problème de l'entomologiste amateur.
Il fait preuve d'une forme d'enthousiasme brouillon.
Et ne se résout pas à laisser une case vide.
Mais souvent, il reste approximatif...
La mouche qui suit nous a donné particulièrement du fil à retordre.
Nous étions incapable d'en trouver ne serait-ce que la famille.
Nous avons interrogé les sites spécialisés: inconnue au bataillon.
Finalement, nous avons été dirigé vers l'excellent site anglo-saxon "Diptera info ".
Un seul exemplaire de l'animal.
Qui s’avéra être, contre toute attente, encore une anthomyie.
Calythea nigricans (3):
Cela signifie-t-il que la mouche en question est rare?
C'est peu probable.
Elle est surtout très petite et, sauf coup de bol, échappe aux investigateurs.
Heureusement, toutes les mouches ne se ressemblent pas entre elles.
De temps en temps, nous en rencontrons une qui soit vraiment différente.
Comme celle-ci, appartenant à la famille des Lauxaniidae.
Calliopum sp. (3):
Ou cette autre, appartenant à la famille des Asilidae.
Choerades fimbriata (3):
Ou encore ces autres, une rhagionide et une sepside (en latin: Rhagionidae et Sepsidae).
Chrysopilus nubecula (2):
Nematoda nitidula (3):
Avec quelques centaines d'espèces rencontrées dans notre seul jardin, c'est l'ordre des diptères qui est le mieux représenté dans nos listings.
Si on nous avait dit, il y a quelques années en arrière, qu'existaient autant d'espèces de mouches dans notre jardin, nous aurions pensé à un sketch de la caméra invisible...
Depuis, nous avons appris que les diptères représentent environ 6500 espèces en France...
Il faut cependant moduler un peu.
Chez les diptères il y a les brachycères (mouches), mais aussi les nématocères (moustiques, tipules...).
Nephrotoma crocota (3):
Les coléoptères, diptères et hyménoptères représentent les ordres d'insectes les plus importants.
Il est logique que nous rencontrions encore de nouveaux spécimens.
Cependant, le rythme actuel (plusieurs dizaines d'espèces nouvelles par an) ne pourra pas être tenu longtemps.
Pour des raisons évidentes.
Nous sommes concentrés sur un seul jardin.
Les espèces les plus fréquentes ont été déjà rencontrées.
Même s'il en reste beaucoup, le taux de nos nouvelles rencontres va suivre une asymptote tendant irrémédiablement vers zéro.
C'est déjà presque le cas pour les odonates, les orthoptères et les rhopalocères.
L'idée de départ était de ne jamais produire un nouvel article dans le blog sans montrer quelque chose de neuf.
Le but étant donc de se renouveler sans cesse, serons-nous bientôt dans l'impasse?
Que faire alors?
Nous verrons bien...
Pour l'instant nous en sommes là.
Plusieurs centaines d'espèces différentes dans un seul jardin...
(droits réservés)
Pour un total légèrement inférieur à 67000 d'espèces possibles dans la France métropolitaine.
Tous ordre confondus.
Même pas 2% du total.
(droits réservés)
(droits réservés)
Dépasserons-nous les 10% du total comme c'est déjà le cas pour les odonates et les orthoptères?
L'avenir nous le dira.
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