LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

Il y a un monstre dans le jardin

Lorsque nous avons commencé à nous intéresser aux insectes, nous avons, dans un premier temps, négligé les araignées.

Pour deux raisons évidentes:

- la première, comme tout le monde le sait, les araignées ne sont pas des insectes.

- la deuxième, les araignées font peur.

Elles sont sournoises, monstrueuses...

Agelena labyrinthica (3):

 

AGELENIDAE Agelena labyrinthica 2.JPG

 

...et de plus, elles piquent.

 

En réalité, tout cela ne sont que des idées reçues.

La plupart des araignées qui nous entourent sont minuscules.

Certaines sont très belles.

Et il est très exceptionnel d’être piqué par une araignée.

Beaucoup plus rarement que d'être piqué par d'autres insectes, les moustiques en particulier.

En fait, le terme "piquer" est impropre pour les araignées.

Une guêpe nous pique avec son dard.

Un moustique nous pique avec son rostre.

Une araignée ne pique jamais: elle mord, avec ses chélicères.

 

Malgré tout, les araignées font peur.

 

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(droits réservés)

 

Forcément puisqu'elles peuvent nous tuer.

En fait, il n'existe en France qu'une seule espèce d'araignée dangereuse pour l'homme: la veuve noire (Black Widow).

 

black-widow-film-solo-marvel-marvel-studios.jpg

(droits réservés)

 

En fait, il s'agit plutôt de cette veuve noire là:

Latrodectus tredecimguttatus.

 

veuve-noire-ombre-tee-shirts-t-shirt-homme-col-v.jpg

 

Elle secrète un venin neurotoxique, mais sa morsure n'est jamais mortelle.

L'on survit même à des envenimations graves, à condition d'être traité correctement.

Les anesthésistes connaissent bien le traitement: il s'agit du Dantrolène.

 

Dépassant nos répulsions, nous avons donc fini par observer les araignées.

Au fil des jours, elles s'offrirent à nos regards.

Et nous avons pris des photos.

Au départ sans arrière-pensées.

Les premières rencontres furent surprenantes, avec des espèces petites, voire très petites, au centre de leurs toiles.

Linyphia triangularis (3) (linyphie triangulaire):

 

LINYPHIIDAE Linyphia triangularis 1.JPG

 

Cyclosa conica (2) (épeire conique):

 

ARANEIDAE Cyclosa conica.JPG

 

Certaines vraiment très belles.

Mangora acalypha (3) (mangore petite bouteille):

 

ARANEIDAE Mangora acalypha 1.JPG

 

Au début, nous ignorions tout des araignées, donc il ne s'agissait que de prendre quelques clichés.

En général, à moins d'être spécialiste, la plupart d'entre nous ne savent rien sur le sujet.

A quelques exceptions près.

Par exemple, nous connaissons tous la plus banale des araignées qui vit dans nos maisons.

Pholcus phalangioides (3) (pholque phalangide):

 

PHOLCIDAE Pholcus phalangioides.JPG

 

Par contre, la plupart du temps, nous ignorons son nom.

Son nom vernaculaire est bien le pholque phalangide.

Nous la nommons souvent, à tort, "faucheux".

Les faucheux, en réalité, vivent plutôt à l'extérieur, et, s'ils appartiennent bien à la classe des arachnides, ils ne font pas partie de l'ordre des araignées.

Les faucheux sont des opilions.

Phalangium opilio (3) (faucheux):

 

OPILIONES PHALANGIIDAE Phalangium opilio 3.JPG

 

Les longues et grêles pattes des deux espèces les ont fait confondre dans le langage courant.

Les faucheux ne secrètent pas de venin. 

Ils sont inoffensifs.

Les pholques sont aussi inoffensifs pour l'homme.

Ils secrètent cependant du venin, mais leurs chélicères sont trop petits pour transpercer la peau humaine.

Aucun risque de morsure donc.

 

Les pholques ne sont pas les seules araignées à fréquenter les maisons.

Voici une autre espèce habituée des intérieurs.

Très petite, elle est aussi inoffensive.

Steatoda triangulosa (3) (malmignatte des maisons):

 

THERIDIIDAE Steatoda triangulosa 2.JPG

 

Une autre araignée se rencontre fréquemment à l'intérieur: la tégénaire.

Elle est assez grosse, et, en général, fait peur.

Mais elle est, encore une fois, inoffensive.

Il s'agit d'une araignée très peu agressive, qui préfère se rouler en boule lorsqu'elle se sent en danger.

De plus, ses chélicères ne sont pas assez puissants pour transpercer la peau.

Nous n'en rencontrons jamais chez nous.

Par contre, certaines de ses cousines vivent dans le jardin.

Agelena labyrinthica (2) (agélène à labyrinthe):

 

AGELENIDAE Agelena sp..JPG

 

Enfin, une dernière espèce est assez fréquente dans les maisons.

Contrairement à la tégénaire, elle ne construit pas de toile.

Zoropsis spinimana (3) (zoropse épineuse):

 

ZOROPSIDAE Zoropsis spinimana 1 (2).JPG

 

Elle non plus n'est pas dangereuse.

Très peu agressive, la morsure est exceptionnelle.

De plus, le venin n'est pas toxique pour l'homme.

Vous pouvez donc, été comme hiver, ville ou campagne, dormir chez vous tranquilles.

Ce n'est pas demain qu'une araignée va vous mordre dans votre sommeil.

 

Parmi les araignées, il en est une dont nous avons forcément entendu parler.

Il s'agit de l'épeire diadème.

Cette fois, il s'agit d'une espèce qui vit à l'extérieur.

La connaissons-nous vraiment?

Elle est souvent beaucoup plus petite que ce que nous imaginons.

Celle-ci, par exemple, ne dépasse pas un centimètre.

Araneus diadematus (3) (épeire diadème):

 

ARANEIDAE Araneus diadematus 1 (épeire diadème).JPG

 

Les connaissances de base, pour les araignées présentes en France, ne vont, en général, pas plus loin.

Du moins les nôtres, naguère, n'allaient-elles pas plus loin.

 

Nous avons donc peur des grosses araignées.

 

Starship_Troopers.jpg

(droits réservés)

 

Tant mieux, parce qu'elles sont beaucoup plus rares que les petites.

Si nous avions peur aussi des petites, notre vie se transformerait en enfer, car il y en a partout.

Mais, en général, nous ne les voyons même pas.

En fait, la seule araignée un peu "grosse" que nous avons rencontré dans le jardin fut l'argiope frelon, ou argiope fasciée.

Elle peut dépasser cinq centimètres, longueur des pattes incluses.

Argiope brunnichii (3) (argiope frelon):

 

ARANEIDAE Argiope bruennichi (argiope fasciée).JPG

 

Nous avons peur des grosses araignées, mais nous n'avons aucune raison objective à cela.

Le veuve noire, une des rares espèces dangereuses de part chez nous, est plutôt petite.

Rassurons-nous, elle est aussi très rare, et extrêmement discrète.

Il faut vraiment être très malchanceux pour se faire piquer un jour par une veuve noire.

Certaines espèces d'araignées sont vraiment minuscules, au point que les photographier devient difficile pour un débutant.

Neoscona subfusca (2):

 

ARANEIDAE Neoscona subfusca 2.JPG
 

Voire très difficile.

Oxyopes sp. (3):

 

OXYOPIDAE Oxyopes lineatus 2.JPG

 

A l'extérieur, il y a des araignées un peu partout.

Pisaura mirabilis (3) (pisaure admirable):

 

PISAURIDAE Pisaura mirabilis.JPG

 

Mais il est souvent difficile de les repérer.

Car, non seulement, la plupart des araignées sont très petites.

Mais beaucoup se cachent.

Aphantaulax cincta (2):

 

GNAPHOSIDAE Aphantaulax sp. 1.JPG

 

Gibbaranea bituberculata (2) (épeire à bosses):

 

ARANEIDAE Gibbaranea bituberculata.JPG

 

D'aucunes pratiquent même le mimétisme.

Hogna radiata (3) (fausse tarentule):

 

LYCOSIDAE Hogna radiata 2.JPG

 

Certaines paraissent effectivement monstrueuses (abdomen velu, pattes griffues: beurk!).

Mais ne perdons pas de vue que nous utilisons un objectif macro.

Celle qui suit ne mesure que 10 mm.

Oxyopes ramosus (2):

 

OXYOPIDAE Oxyopes ramosus.JPG

 

Dans l'imaginaire collectif, l'araignée est toujours située au milieu de sa toile.

Pourtant, si toutes sont des chasseresses, nombreuses sont les araignées qui ne tissent pas de toile.

Les Lycosidae, par exemple, se déplacent et chassent sur le sol.

Pardosa blanda (2):

 

LYCOSIDAE Pardosa amentata.JPG

 

Ce qui ne les empêche pas de grimper parfois sur la végétation.

Pardosa nigriceps (3):

 

LYCOSIDAE Pardosa nigriceps.JPG

 

Les Lycosidae ont aussi la particularité de se promener avec leur progéniture sur le dos.

En voici une, surprise sur une bâche, en train de porter son cocon rempli d’œufs.

Pardosa hortensis (1):

 

LYCOSIDAE Pardosa hortensis.JPG
 

Un autre transportant son cocon au milieu de résidus de paille.

Pardosa amentata (2):

 

LYCOSIDAE Pardosa amentata 5.JPG
 

Les lycoses sont très difficiles à déterminer entre elles.

Les espèces qui précèdent sont simplement probables.

On appelle aussi les lycoses "araignées-loup".

Étymologiquement, le nom lycose vient du grec ancien "lykos", le loup.

Entre autres parce que les lycoses sont souvent brunes et velues.

Surtout parce qu'elles chassent en solitaire et en se déplaçant.

Pardosa amentata (2):

 

LYCOSIDAE Pardosa amentata 4.JPG

 

Les Lycosidae ne sont pas, et de loin, la seule famille d'araignées à ne pas faire de toile.

Les Thomisidae n'en font pas non plus.

Elles sont aussi appelées "araignées-crabes" parce qu'elles se déplacent de côté.

Mais, contrairement aux Lycosidae, elles bougent très peu.

Pistius truncatus (3) (thomise tronquée):

 

THOMISIDAE Pistius truncatus 2.JPG

 

Elles chassent à l'affût.

Xysticus kochi (1):

 

THOMISIDAE Xysticus lanio.JPG

 

Elles peuvent attendre des heures, camouflées dans les plantes ou dans les fleurs.

Heriaeus hiatus (3) (thomise hirsute):

 

THOMISIDAE Heriaeus hirtus 2.JPG

 

Et cela finit par fonctionner.

Heriaeus hiatus (3) (thomise hirsute):

 

THOMISIDAE Heriaeus hirtus.JPG

 

La plupart des thomises, encore une fois, sont des araignées petites.

Voire très petites.

La suivante mesure moins d'un centimètre.

Misumena vatia (3) (misumène variable):

 

THOMISIDAE Misumena vatia.JPG

 

Certaines thomises se prennent pour des gymnastes.

Runcinia grammica (2) (thomise rayée):

 

THOMISIDAE Runcinia grammica.JPG

 

Plusieurs espèces de thomises présentent un polymorphisme important.

Ce qui rend, pour le débutant, leur identification difficile.

Synema globosum (3) (thomise Napoléon):

 

THOMISIDAE Synema globosum 1.JPG

 

Synema globosum (3), encore:

 

THOMISIDAE Synema globosum 2.JPG

 

La thomise Napoléon doit son nom au dessin sur son abdomen.

Qui ressemble à la silhouette de Napoléon.

Synema globosum (3) (thomise Napoléon):

 

THOMISIDAE Synema globosum 8.JPG

 

Chez certaines thomises, ce polymorphisme va plus loin encore.

Jusqu'au changement radical de couleur.

La suivante est jaune, à l’affût sur un coquelicot.

Thomisus onustus (3) (thomise enflée):

 

THOMISIDAE Thomisus onustus 1 (thomise enflée).JPG

 

On l'appelle la thomise enflée, pour des raisons évidentes.

Elle pratique la musculation.

Et dispose ainsi de larges épaules (il s'agit, en fait, de son abdomen).

Heureusement, sa forme est caractéristique.

Car sinon comment se douter qu'il s'agit, ici, encore de la même, mais cette fois en bleu.

Thomisus onustus (3) (thomise enflée):

 

THOMISIDAE Thomisus onustus 2 (thomise enflée).JPG

 

Les thomises sont, parmi les araignées, l'une des familles les plus intéressantes.

Combien de milliers, de millions d'années, pour qu'elles aient fini par s'adapter?

Les thomises restent immobiles pendant des heures.

Jusqu'à ce qu'une proie passe à leur portée.

Ebrechtella tricuspidata (3) (thomise à trois taches): 

 

THOMISIDAE Ebrechtella tricuspidata 1 (thomise à trois taches).JPG

 

Les Salticidae, ou araignées sauteuses, sont une autre famille d'araignées assez fascinantes.

Elles pratiquent, comme leur nom l'indique, l'athlétisme (saut en longueur, saut en hauteur, voire triple-saut).

Rassurez-vous toutefois, les araignées sauteuses ne vous sauteront jamais dessus.

Leurs sauts ne dépassent jamais dix centimètres.

Et ce sont, encore une fois, des espèces de très petite taille.

Celle-ci, très belle, mais difficile à prendre en photo, ne dépasse pas le demi-centimètre.

Heliophanus apiatus (3):

 

SALTICIDAE Heliophanus apiatus 3.JPG

 

Les Salticidae ne font pas de toile.

Elles se déplacent, souvent sur des plans durs.

Guettent leurs proies et leur sautent dessus pour les paralyser.

Menemerus taeniatus (2):

 

SALTICIDAE Menemerus taeniatus 3.JPG

 

Elles sont aussi capables de se déplacer sur les végétaux en sautant d'une feuille ou d'une tige à l'autre.

Icius subinermis (2):

 

SALTICIDAE Icius subinermis 2.JPG

 

Bon an, mal an, sans les chercher, nous avons rencontré dans le Jardin de Choui et Leia quelques dizaines d'espèces d'araignées différentes.

Cela est très peu car il en existe probablement plus de 1500 en France.

De fait, cela constitue pour nous une friche immense.

Car nous n'avons pas spécifiquement ciblé les araignées, loin s'en faut.

Nous sommes donc d'ores et déjà certains que de nombreuses espèces encore restent à découvrir, à la seule condition de les chercher.

D'ailleurs quelques photos stagnent dans nos fichiers en attente de détermination.

En particulier quelques lycoses, très difficiles à déterminer lorsque l'on n'est qu'amateur.

Pardosa?:

 

LYCOSIDAE Pardosa sp..JPG

 

Trochosa?:

 

LYCOSIDAE Trochosa sp..JPG
 

En conclusion, non seulement nous avons tort de ne pas aimer les araignées, mais nous avons tort aussi de les négliger.

Car elles sont, finalement, inoffensives, très utiles dans nos jardins, et particulièrement fascinantes.

Il suffit de dépasser sa répugnance initiale.

Celles qui chassent dans leurs toiles ou à l’affût devraient nous permettre, une fois apprivoisées les techniques de la macrophotographie, de réaliser quelques beaux clichés.

Par ailleurs, nous avons constaté que, lorsqu'il fait nuit et que l'on s'éclaire à la lampe torche, quelques points lumineux s'allument fréquemment au ras du sol.

Ce sont les yeux des araignées.

Il y a là peut-être d'autres pistes à exploiter.

Dans tous les cas, nous n'en avons pas fini avec les araignées.

 



11/11/2016
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